L’actualité récente déborde de détails sordides qui ne peuvent qu’écoeurer les citoyens de moins en moins attentifs au contenu même des messages politiques tant les dents du fond commencent à baigner. J’en parlais déjà ici.

La Bourgmestre de Huy, Anne-Marie Lizin aurait fait travailler « son » personnel communal pour sa campagne électorale sénatoriale en juin dernier. L’avocat bruxellois, prof et « prince consort » Marc Uyttendaele fait de la retape commerciale froide et cynique dans les cabinets ministériels et administrations de ses amis socialistes. Le Bourgmestre de Saint-Nicolas, Patrick Avril, passe son temps à se justifier devant un juge d’instruction liégeois. Jacques Vandenhaute, à Woluwe-Saint-Pierre, doit démissionner car un juge a confirmé qu’il avait offert certains avantages à ses électeurs affidés. Il n’y a pas si longtemps, l’ex-Bourgmestre de Mouscron, Jean-Pierre Detremmerie était inquiété pour sa gestion particulièrement opaque du club de foot de « sa » ville. Ne parlons même pas de Charleroi.

Ces quelques exemples de gouvernance douteuse et de gestion défaillante ont un même point commun : une longue présence au pouvoir, souvent continue et parfois même sans partage (majorités absolues).

Force est de constater que le parti socialiste est plus concerné que les autres par ces affaires. Je ne suis pas de ceux qui pensent et disent que ces problèmes sont liés à l’idéologie et/ou à la personnalité des socialistes en particulier. Ils sont simplement ceux qui à tous les niveaux de pouvoirs francophones occupent des positions à responsabilités depuis une trentaine d’année (dans certaines communes, parfois beaucoup plus), avec heureusement une intensité variable selon les régions pour ce qui concerne le niveau absolutiste de leur influence. Trente ans, c’est une génération !

L’autre point commun à toutes ces affaires, c’est qu’elles ne concernent pas (encore) un-e seul-e mandataire écologiste. Très certainement pour la raison inverse de celle que je viens d’expliquer. Mais aussi parce que le principe démocratique est au coeur de notre message politique, au moins autant que les valeurs de solidarité et de protection de l’environnement. L’apport de l’écologie politique au débat démocratique, tant aujourd’hui qu’a fortiori à la fin des années 70, c’est la promotion d’un mode de gestion le plus participatif possible. A l’inverse d’une vision néo-bolchevique ou néo-conservatrice, nous ne pensons pas que la révolution verte (pourtant urgente et nécessaire) soit profitable et surtout efficace si elle se fait contre les citoyens.

J’ajouterai que la promotion de modes de gestion politiques transparents et démocratiques n’est pas, comme certain-e-s le laissent sous-entendre au PS, au MR ou ailleurs, qu’une position morale d’écologistes tendance scout. C’est aussi la plus-value politique majeure d’Ecolo dans la course-poursuite électorale, soit un argument tactique. Si tout à coup nous décidions d’adopter les mêmes modes de gestion que les multinationales de la politique francophone, nous perdrions au même moment notre identité et notre avantage comparatif. En fait, nous ne voulons et ne pouvons pas assumer le rôle castrateur et infantilisant du parti traditionnel clientèliste.

Nous avons donc fait d’une position morale un argument politique et une position tactique, permettant de faire entrer des considérations éthiques dans le rapport de force politique. On peut évidemment le voir d’un point de vue purement moral. Pour moi, le principe d’ouverture n’est pas que beau. Dans le cadre de la gestion publique, il est aussi plus efficace.