Engagement 2

Publié le mardi 25 mars 2008
Rédigé par 
Jeremie Spinazze

Voici ma semaine militante chargée terminée. Elle va me donner l’occasion de vous parler de pas mal d’idées entendues ou formulées à l’occasion de ces multiples activités. J’ai matière à plusieurs articles …   😉

Ce foisonnement d’idées entendues ces dernier jours fait contraste avec le pâle programme et l’énergie déjà éteinte de notre nouveau gouvernement fédéral pentapartite. Je vous avoue qu’à ce sujet, je n’ai rien de spécial à vous en dire, tellement tout ça m’a l’air morne et à mille lieux des véritables enjeux politiques de notre époque.

Le WE dernier donc, plus d’une centaine de jeunes se sont réunis à Liège pour réfléchir ensemble à la notion d’engagement, dans toutes ses formes, il s’agissait des 4èmes Rencontres des Nouveaux Mondes d’Etopia. Dès le vendredi soir, une intéressante vidéo-conférence de Patrick Viveret nous faisait réfléchir sur le sens de cet engagement. J’ai été particulièrement interpellé par la notion de « créateur culturel », ces +/- 20 % de citoyens qui dans nos pays occidentaux, sans se connaître, font de leur vie une oeuvre d’art, veulent que leur existence ait une signification (je raccourcis). C’était extrêmement vivifiant, car cela sous-entendait que 40 ans après Mais 68, la nature de l’engagement militant avait changé (sans blague), mais le feu sacré persistait.

J’ai souvent eu cette intuition dans mon adolescence : l’idée n’est rien, aussi généreuse et puissante soit-elle, si elle n’est pas soutenue par l’acte. Viveret me conforte dans cette idée que l’acte militant d’aujourd’hui, avec les combats d’aujourd’hui, c’est plus que hurler ou dénoncer l’injustice dans la rue ou par la grève. C’est ça aussi bien sûr (et on ne s’en prive pas à Ecolo ou ailleurs), mais plus uniquement. Les pavés de mai 68 sont aussi devenus, en 2008, des actions chocs d’ONG, des causes sur FaceBook, des sittings improvisés par SMS dans des lieux publics ou, pour terminer cette liste non exhaustive, une facture d’électricité chez un fournisseur vert.

Il ne suffit pas selon moi de dire et promouvoir l’idée d’égalité, de liberté ou de générosité. L’idée doit s’accompagner d’actes posés, concomitants. L’avantage du programme écologiste, c’est qu’on ne doit pas attendre le grand soir pour qu’il se réalise. L’articulation des idées est applicable dès maintenant, ici, directement, par le moindre petit geste quotidien (se déplacer, manger, voyager, aimer, vivre … autrement).

Dès samedi matin, Mateusz Kukulka et Mehmet Koksal sont venus nous rejoindre pour le débat matinal que je modérais et qui portait sur les blogs politiques. Vous en verrez quelques extraits dans l’émission « Questions à la Une », car l’équipe de la RTBF est venue filmer un moment de nos débats pour illustrer la question « Qui sont les héritiers de Mai 68 ? ». Tout un programme dont je vous tiendrai bien évidemment au courant.

Chacun des intervenants est venu parler de son engagement et de son expérience. Mehmet Koksal sait de quoi il parle, lui qui s’est résigné à fermer son blog « Humeurs allochtones », tellement les menaces sur ses proches étaient devenues insupportables. Mehmet n’a fait que son métier, en couvrant le sujet des candidats et mandataires allochtones bruxellois suivant les valeurs journalistes d’indépendance, de recoupement, de confrontation et d’ouverture. Il a – entre autre – eu cette intelligence d’aller lire ce que ces personnes racontaient en Turc … et  en Français. Ca ne correspondait pas toujours. Il l’a dit. Ca n’a pas plu à l’extrême-droite turque et à ses alliés. Lisez son histoire, racontée par François Schreuer ici. Les pressions furent nombreuses, mais l’expérience du combat pour faire valoir ses idées ne l’a pas dégoûté à défendre sa vision du journalisme … même si c’était parfois devant les tribunaux. Où il a d’ailleurs gagné.
Bref, Internet est devenu un média incontournable pour faire valoir ses idées, les confronter avec le vécu et la réalité des citoyens. Il est une source d’information indépendante des grands groupes médiatiques, enfin dans ce cas-ci en tous cas. L’outil informatique peut parfois être si puissant qu’il gêne certains, au point d’en venir à la violence physique. Ce que Mehmet Koksal a pu expérimenter, contre son gré.

Mateusz Kukulka nous a quant à lui brossé le paysage de la blogosphère politique belge. Pour lui, le blog permet à l’homme ou à la femme politique qui n’a pas accès aux grands médias de faire valoir son point de vue, ses idées dans le brouhaha médiatique assourdissant… même si bien sûr l’efficacité des grands médias reste prépondérante. L’homme ou la femme politique plus expérimenté voit en son blog un moyen de tester certaines idées,ou de rassurer ses supporters en prenant des positions plus fermes que dans les médias traditionnels. Parfois, les blogs politiques ne sont pas écrits par la personne en question, mais par une armada de communicateurs … Suivez mon regard. Il y a aussi les blogs politiques alibis, dont Mateusz Kukulka tient une liste à jour.

Les allégeances politiques sont aussi du FaceBook : qui est ami avec qui ? Qui est plus populaire ? Qui soutient quelle cause ? Youtube est devenu un moyen pour faire passer des messages, que l’on soit Premier Ministrable ou sans papier.

Comme tous les outils médiatiques, Internet peut être la voie royale pour les engagé-e-s d’aujourd’hui. Un outil extraordinaire, au service du débat d’idées, de la démocratie et de la convivialité … et le lieu de la pire connerie. L’auteur de ce blog – qui a un an aujourd’hui (le blog, pas moi) –  ne va pas contredire ce pénible mais réaliste constat.

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