Banane européenne

Publié le jeudi 18 juin 2009
Rédigé par 
Jeremie Spinazze

Une semaine après le scrutin régional et européen, on est repartis pour des semaines de tractations que les médias vous relateront mieux que moi. L’Olivier est en cours de négociation, et ce sera âpre, tant les conditions éthiques d’Ecolo sont (évidemment) fortes.

Mais parlons d’Europe. Il y a quelques semaines de ça, je suis descendu en Italie pour participer à un anniversaire que je n’aurais manqué pour rien au monde, même en pleine campagne électorale. Nous étions 3 amis à devoir rejoindre la Toscane et nous avions décidé, pour des raisons écologiques, de descendre en voiture, plutôt qu’en avion. Nous avons littéralement arpenté la colonne vertébrale de l’Europe, celle que des économistes ont appelé la Banane bleue de Brunet. Comme cycliste quotidien (et accessoirement Pire Conducteur), je n’ai pas vraiment l’expérience de la route … et bien tout a été rattrapé en aller-retour !

La zone européenne traversée est celle qui depuis des temps immémoriaux a vu des générations de commerçants se succéder, rapprochant ainsi l’Europe du Nord ouest et ses villes de foires (Champagne, nos régions, dont Bruges) et leurs équivalents du Sud (Italie du Nord dont Venise). C’est dire comme cette route (aujourd’hui autoroute) a toujours joué un rôle stratégique majeur dans les échanges commerciaux, politiques et donc économiques de l’Europe, depuis l’Antiquité. Aujourd’hui, cette succession d’autoroutes, belge, luxembourgeoise, française, suisse puis italienne est dans les faits un chapelet de poids lourds roulant souvent au pas, un ballet entrecoupé ça et là de quelques voitures de touristes.

Il est frappant de constater qu’au début du 21ème siècle, aucun train ne relie encore de façon efficace, rapide et coordonnée les 3 sièges des institutions européennes (Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg) obligeant par exemple  les députés européens à une transhumance mensuelle, au mieux motorisée, au pire … aérienne. Le projet « euro-cap-rail » avait été ardemment soutenu par Isabelle Durant, alors ministre fédérale des transports, mais ce combat auprès des institutions européennes (source de financement) a été abandonné par les 2 gouvernements fédéraux qui se sont succédés depuis. Notez qu’Ecolo défend énergiquement (c’est inscrit dans notre programme) la concentration des institutions européennes à Bruxelles, pour des raisons écologiques évidemment, mais surtout politiques. Mais au-delà de ça, il est fou de constater qu’aucun train ne relie encore les principales villes du coeur de l’Europe, jusqu’à l’Italie, alors que c’est un axe de mobilité central depuis que les villes sont apparues sur ce continent.

Je ne me suis pas renseigné, mais la quantité de marchandises aujourd’hui transportées sur cet axe routier semble phénoménale ! Un beau projet de relance économique européen par de grands travaux d’infrastructure serait la création d’un parcours ferroviaire efficace tant pour le fret que pour les voyageurs sur cette colonne vertébrale de l’Europe.

Pourquoi ? Mais tout simplement parce que cet axe gigantesque est totalement embouteillé. Essayez la traversée du tunnel du Gotard  (pour nous 2h30 d’arrêt total à l’aller, 4h30 au retour !) et contournez Milan à 17h30, l’enfer. Les camions concernés transportent évidemment des tas de marchandises de toutes sortes, utiles ou inutiles. Avant de penser à un moyen alternatif aux camions pour le transport de  marchandises, la question principale à se poser est celle de ces marchandises. Avons-nous besoin de fraises en hiver, de consommer des objets fabriqués à 4 000 km, alors que d’autres sont fabriqués plus près ?

La relocalisation de l’économie, c’est privilégier le circuit le plus court entre le consommateur et le producteur. Ca n’est pas protectionniste, ça n’est pas anti-européen, c’est juste logique, écologique.

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