Premiers pas (1)
Ce 16 juillet, j’ai donc prêté serment au Sénat. J’y remplace Isabelle Durant qui, deux jours plus tôt, est devenue Députée européenne et … vice-présidente du Parlement européen !
Je mûris cet article depuis une semaine et j’ai longtemps hésité à vous parler de ce « rite de passage ». Pour une fois, je n’allais pas vous entretenir de thèmes de fond. Mais voilà, ce qui m’est arrivé est assez original, alors je vais profiter de l’été et des vacances parlementaires pour vous décrire ce que ça fait de devenir Sénateur à 31 ans. Voici donc le début d’une série d’articles sur mon apprentissage express de jeune parlementaire.
Ma journée a commencé ce jeudi-là par une réunion de groupe, qui rassemble tou-te-s les Député-e-s et Sénateurs-trices d’Ecolo et de Groen, avec quelques attaché-e-s thématiques mobilisé-e-s en fonction des sujets abordés. On y aborde chaque semaine les différents points politiques qui seront débattus et/ou soumis au vote dans la journée, soit à la Chambre, soit au Sénat. C’est un endroit où le fond, essentiellement, est abordé. C’est passionnant : nos parlementaires référents (attachés à un sujet) partagent et débattent avec leurs collègues des positions que le groupe dans son ensemble va défendre. Avec le départ (la nuit précédente) de Jean-Marc Nollet aux Gouvernements wallon et francophone, nous avons aussi désigné notre nouvelle cheffe de groupe à la Chambre : Muriel Gerkens.
Ensuite, Isabelle Durant – en parfaite marraine – m’a emmené dans son bureau, qui ce jour-là est devenu le mien. Et c’était littéralement le cas : un huissier avait modifié mon nom sur la plaque en 1h de temps ! Nous avons passé un bon moment ensemble à deviser, pour qu’elle m’explique les différents dossiers qu’elle suivait, et mes les remette, pour suivi. J’y reviendrai, mais j’ai de la lecture pour mes vacances, c’est certain. On a fait ses cartons ensemble, c’était émouvant et excitant à la fois. Une nouvelle vie s’annonce pour tous les deux et elle commençait, juste là.
Notre chef de groupe, José Daras, est ensuite venu nous rejoindre et nous nous sommes dirigés tous ensemble vers l’hémicycle du Sénat. Et là, tout s’est emballé. Ils m’ont présenté à une quantité incroyable de personnes dans les diverses pièces attenantes. Puis, nous sommes entrés dans la grande salle « rouge et or », et là, j’ai cherché ma place, compulsivement. J’étais terrifié à l’idée de commettre le moindre impair.
Une fois assis sur mon siège, là où une plaque en cuivre clinquante indiquait mon nom, Francis Delperée est immédiatement venu me saluer, me souhaitant (très) chaleureusement la bienvenue. Il m’a assuré avoir « vérifié mes pouvoirs » et confirmé qu’il remettrait un rapport positif en séance plénière, ceci afin que je prête serment immédiatement après. Vous avez suivi ? C’est le jargon pour dire que tout est OK.
Yves Leterme, Stefaan Declercq, Jean-Jacques De Gucht, Anne-Marie Lizin et des collègues moins connu-e-s sont venu-e-s me saluer. Ils étaient peut-être intrigués par un visage un peu jeune dans un assemblée largement plus âgée ou était-ce la politesse qui sied au lieu ? C’est une chose inattendue pour moi, il y a au Sénat une forme de retenue, de bienveillance, de respect des bonnes manières qui est parfaitement déroutante, mais rassurante pour le novice que je suis. Je m’attendais à une ambiance feutrée, à un travail constructif (à confirmer …), dépassant plus facilement les clivages, loin du tumulte de la Chambre, mais à ce point !
J’étais scruté par ma famille et mes amis qu’Isabelle et mon assistante parlementaire, Béatrice, avaient emmenés dans les tribunes réservées au public, à l’étage. Ils étaient venus voir un évènement qui allait durer 5 secondes, leur présence m’impressionnait d’autant plus, j’avoue.
Ensuite le Président m’a demandé de me lever et de prêter le serment constitutionnel, ce dont je me suis affranchi dans deux des trois langues nationales. Je n’ai pensé à rien, l’adrénaline était à son taux maximum, j’ai foncé. Tout s’est bien passé.
A 15h30, je suis donc devenu Sénateur, et vers 21h, j’ai voté pour la première fois. Tout peut commencer.
(à suivre)