Niger (2)
Souvenez-vous, il y deux mois je posais une question au Ministre de la Coopération au développement à propos du coup d’Etat institutionnel du Président nigérien Tandja et du maintien réaffirmé de l’aide à la coopération avec ce pays alors que l’Union européenne avait commencé une procédure en suspension de cette même aide. Vous pouvez relire son étonnante réponse ici. Entre-temps, ce même président autocratique s’est vu destitué par un coup d’Etat militaire le 18 février dernier. C’est dire l’instabilité qui règne dans ce pays d’Afrique, l’un des plus pauvres du continent noir.
En m’intéressant à la question nigérienne, je me suis rendu compte de l’importance que cette région d’Afrique a pour … l’industrie nucléaire de nos pays européens. On estime que la moitié de l’uranium naturel extrait par l’entreprise nucléaire française Areva dans le monde est nigérien. Or Areva se prétend le fournisseur de cinq de nos sept réacteurs !
La Belgique vient quant à elle de décider la prolongation des trois plus anciens réacteurs nucléaires, ceci au nom la « sécurité d’alimentation d’énergie garantie sur le long terme pour le pays » (dixit l’art. 3 § 1er de l’accord liant GDF-Suez et le Gouvernement belge). D’où ma question : d’où viendra l’uranium qui sera brûlé dans ces réacteurs prolongés, puisqu’on nous a «garanti» notre sécurité d’alimentation. Quand on voit la place stratégique occupée par le Niger sur le marché mondial de l’uranium naturel, il m’apparaît risqué et déplacé de faire dépendre une partie importante de notre approvisionnement énergétique de régimes politiques particulièrement instables et peu respectueux des droits sociaux, environnementaux et démocratiques des populations locales.
Vous verrez que la réponse de Paul Magnette, Ministre de l’Energie, est à la fois inquiétante et amusante. Non, rien n’a été prévu pour les années à venir, « il est trop tôt pour le dire » (sic). Notez que pour lui, l’Australie est un pays du Nord. Mais le clou, c’est que pour le Ministre socialiste de l’Energie, les sociétés qui approvisionnent nos centrales, parce qu’elles sont des « grandes entreprises », elles respectent « par définition » les prescriptions nationales et internationales relatives au droit environnemental et social (gloups). Je vous laisse vérifier dans le texte, par vous-même :
Sachez que comme le Ministre m’y invite, je lui ai envoyé une nouvelle question écrite (téléchargeable ici), qui demandera une réponse plus détaillée. En conclusion, et pour reprendre la dernière partie de mon intervention au Sénat : l’énergie nucléaire est non seulement une énergie coûteuse, dangereuse et polluante, mais elle peut aussi directement soutenir des régimes antidémocratiques et dictatoriaux qui sont à la base de la misère des populations du Sud de ce globe.