Niger (2)

Publié le 24/03/10
RĂ©digĂ© par 
Jeremie Spinazze

Souvenez-vous, il y deux mois je posais une question au Ministre de la CoopĂ©ration au dĂ©veloppement Ă  propos du coup d’Etat institutionnel du PrĂ©sident nigĂ©rien Tandja et du maintien rĂ©affirmĂ© de l’aide Ă  la coopĂ©ration avec ce pays alors que l’Union europĂ©enne avait commencĂ© une procĂ©dure en suspension de cette  mĂȘme aide. Vous pouvez relire son Ă©tonnante rĂ©ponse ici. Entre-temps, ce mĂȘme prĂ©sident autocratique s’est vu destituĂ© par un coup d’Etat militaire le 18 fĂ©vrier dernier. C’est dire l’instabilitĂ© qui rĂšgne dans ce pays d’Afrique, l’un des plus pauvres du continent noir.

En m’intĂ©ressant Ă  la question nigĂ©rienne, je me suis rendu compte de l’importance que cette rĂ©gion d’Afrique a pour 
 l’industrie nuclĂ©aire de nos pays europĂ©ens. On estime que la moitiĂ© de l’uranium naturel extrait par l’entreprise nuclĂ©aire française Areva dans le monde est nigĂ©rien. Or Areva se prĂ©tend le fournisseur de cinq de nos sept rĂ©acteurs !

La Belgique vient quant Ă  elle de dĂ©cider la prolongation des trois plus anciens rĂ©acteurs nuclĂ©aires, ceci au nom la « sĂ©curitĂ© d’alimentation d’énergie garantie sur le long terme pour le pays » (dixit l’art. 3 § 1er de l’accord liant GDF-Suez et le Gouvernement belge). D’oĂč ma question : d’oĂč viendra l’uranium qui sera brĂ»lĂ© dans ces rĂ©acteurs prolongĂ©s, puisqu’on nous a «garanti» notre sĂ©curitĂ© d’alimentation. Quand on voit la place stratĂ©gique occupĂ©e par le Niger sur le marchĂ© mondial de l’uranium naturel, il m’apparaĂźt risquĂ© et dĂ©placĂ© de faire dĂ©pendre une partie importante de notre approvisionnement Ă©nergĂ©tique de rĂ©gimes politiques particuliĂšrement instables et peu respectueux des droits sociaux, environnementaux et dĂ©mocratiques des populations locales.

Vous verrez que la rĂ©ponse de Paul Magnette, Ministre de l’Energie, est Ă  la fois inquiĂ©tante et amusante. Non, rien n’a Ă©tĂ© prĂ©vu pour les annĂ©es Ă  venir, « il est trop tĂŽt pour le dire » (sic). Notez que pour lui, l’Australie est un pays du Nord. Mais le clou, c’est que pour le Ministre socialiste de l’Energie, les sociĂ©tĂ©s qui approvisionnent nos centrales, parce qu’elles sont des « grandes entreprises », elles respectent « par dĂ©finition » les prescriptions nationales et internationales relatives au droit environnemental et social (gloups). Je vous laisse vĂ©rifier dans le texte, par vous-mĂȘme :

Sachez que comme le Ministre m’y invite, je lui ai envoyĂ© une nouvelle question Ă©crite (tĂ©lĂ©chargeable ici), qui demandera une rĂ©ponse plus dĂ©taillĂ©e. En conclusion, et pour reprendre la derniĂšre partie de mon intervention au SĂ©nat : l’énergie nuclĂ©aire est non seulement une Ă©nergie coĂ»teuse, dangereuse et polluante, mais elle peut aussi directement soutenir des rĂ©gimes antidĂ©mocratiques et dictatoriaux qui sont Ă  la base de la misĂšre des populations du Sud de ce globe.

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