Lors d’un pseudo-référendum en août 2009, une nouvelle constitution a été « approuvée » au Niger. Elle permet au président Mamadou Tandja de se maintenir au pouvoir et de finaliser ainsi un véritable coup d’Etat.

L’Union européenne a alors vivement réagi. Avant de quitter la commission européenne, l’ex-commissaire Louis Michel a coupé toute l’aide budgétaire de l’Union européenne soit plus de 450 millions € pour la période 2008-2013, privant ainsi le régime de ressources financières importantes. La Commission européenne a franchi un cap supplémentaire le 8 décembre dernier en ouvrant des consultations avec la République du Niger au titre de l’article 96 de l’accord de Cotonou pouvant ainsi mener à l’arrêt complet de l’aide de l’Union européenne.

Un grand nombre de pays européens ont également condamné la dérive autoritaire du président Tandja, y compris la France. Or, grâce au gisement d’uranium d’Imouraren géré par la société nucléaire française Areva, le Niger représentera un tiers des approvisionnements en uranium de cette entreprise publique.

Quant à la Belgique, Charles Michel (l’autre) a suspendu cet automne trois conventions spécifiques au titre de l’aide bilatérale d’un montant de 5,8 millions d’€. Mais le 10 décembre 2009, soit deux jours à peine après que l’Union européenne ne sanctionne le Niger, deux conventions de financement au titre de l’aide bilatérale d’un montant total de 15,6 millions € ont été signées entre le Ministre de l’Education nationale nigérien et l’attaché à la coopération internationale à l’ambassade de Belgique. D’après APANEWS, l’Agence de presse  africaine, ce dernier aurait déclaré que « la signature de ces deux conventions est le signe de l’amitié et de la solidarité entre les deux peuples et les deux Etats ».

L’attitude belge a de quoi surprendre ! Le ministre m’a répondu que les accords signés concernent des projets qui visent à améliorer les conditions de vie des habitants du Niger et qu’ils veulent aider les populations, pas le gouvernement. L’aide au gouvernement proprement dite a été suspendue. Vous lirez ma question et sa réponse en intégralité ici.

Le problème, et comme le démontre clairement la dépêche citée plus haut, en signant maintenant cet accord alors qu’une procédure de sanction européenne est en cours, le gouvernement belge a permis au gouvernement putschiste nigérien de se prévaloir des « excellentes relations » qu’il entretient avec un pays membre de l’Union européenne !
Et puis, quel constat terrible pour les promoteurs de l’énergie nucléaire. Leur énergie « propre » (uhm !) qui garantit notre « indépendance énergétique » nous rend tributaires de régimes peu fréquentables, comme le Niger. N’oublions pas qu’Areva fournit du combustible fissile à 5 de nos 7 réacteurs belges !

Que je sache, ni le vent, ni le soleil, si les marées, ni le biogaz, ni les économies d’énergie ne nous rendent dépendants de régimes autoritaires.

Allez, la vidéo de la question-réponse est ici :