Gordel
Il y a de ces hasards … Alors que depuis quelques semaines, les huit présidents de parti négocient d’arrache-pied un futur accord communautaire, je me retrouvais sur le trajet du … gordel, cette manifestation politico-sportive qui incite les Néerlandophones à faire du sport tout en revendiquant le caractère flamand de la périphérie bruxelloise.
Mon copain et moi nous promenions hier après-midi avec des amis et leur chien dans les bois d’Uccle (« salut, dis ») quand en approchant Linkebeek, on s’est aperçus que quelques promeneurs que nous croisions portaient des tuniques jaunes moulantes et des ballons arborant le lion flamand.
Ce qui est surréaliste dans cette (riche) commune à facilités quasi exclusivement habitée de Francophones, c’est que le gordel semble complètement sortir de nulle part et mobilise des gens vraiment extérieurs à la commune. Sur les chemins ou dans les sous-bois, j’ai surtout croisé hier des dizaines de familles de Linkebeek ou d’Uccle qui comme chaque dimanche promènent leur chien, digèrent leur repas dominical en marchant ou tout simplement flânent à quelques pâtés de maisons de là où ils … habitent.
Je ne suis pas du coin et je comprends parfaitement qu’on veuille découvrir un endroit aussi idyllique de la campagne bruxelloise, oups, flamande. Vus de loin, ces rassemblements politico-sportifs ressemblent à des sièges de place forte au Moyen-Age (enfin ce qu’on en sait). Dans la réalité, c’est très bon enfant, un peu revanchard, voire chauvin, mais pacifique. On n’aime pas, mais ça se passe.
Quel pays incroyable, où les tensions communautaires sont vives, voire exacerbées depuis deux ans, mais où un beau (si, si) dimanche de fin d’été, l’expression de revendications nationalistes se passe dans le calme et une forme de résignation bonhomme.
Malgré tout, cela semblait avoir quand même énervé le Bourgmestre non-nommé de Linkebeek, Damien Thierry. Je l’ai vu emprunter à tombeau ouvert les strotjes étroites de sa commune au volant de son énorme 4×4. Bhein oui, commune flamande ou bruxelloise, là c’est déjà la campagne.