Où en est le plan Sida ?
Il y a plus d’un an, Laurette Onkelinx présentait un plan national de lutte contre le SIDA (2014-2019). Ce projet (enfin) pluriannuel, transversal et impliquant tous les niveaux de pouvoir de ce pays était attendu par de nombreuses associations actives dans la lutte contre cette épidémie et le soutien aux séropositifs. Il souhaitait mettre ne œuvre 58 actions prioritaires dont, malheureusement, aucune n’est à ce jour finalisée … ni par Laurette (en charge jusqu’il y a peu), ni par Maggie De Block (sa remplaçante) !
La philosophie générale de ce plan était de concentrer les efforts en matière de prévention et d’accompagnement des malades sur deux groupes. Il s’agissait de mettre un nom sur ceux-ci, sans rejeter encore et toujours les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (ou HSH) et les migrants, déjà victimes de préjugés et de discriminations.
Le 21 novembre dernier, les chiffres de l’infection par le virus du SIDA ont été dévoilés par l’Institut scientifique de santé Publique (ISP) pour l’année 2013. Ils font état de 1 115 nouveaux diagnostics positifs en Belgique, soit plus ou moins 3 nouveaux cas en moyenne par jour. 51% appartiennent à la catégorie très polymorphe des HSH.
Si le total des nouvelles détections a baissé de 9% par rapport à 2012 (1 227 diagnostics), le recul enregistré semble surtout explicable par la diminution des nouveaux diagnostics parmi la population provenant d’Afrique (-24% par rapport à 2012). Interrogés par Belga, un représentant l’Institut de Médecine tropicale d’Anvers avance une explication politique à cette baisse spectaculaire : « Ça ne veut pas dire que moins d’Africains sont infectés du virus du SIDA mais que moins de personnes d’origine africaine rentrent sur le territoire belge, et ceux qui s’y trouvent déjà ont parfois peur de se faire dépister craignant éventuellement un retour forcé ou le refus de soins en cas de diagnostic positif ».
Le 26 novembre dernier, j’ai donc interrogé la Ministre de la Santé sur ses intentions par rapport à ce plan. Comme vous le lirez dans les échanges que nous avons eus à la Chambre : rien de rassurant. Non seulement, on se rend compte des effet délétères de la politique d’asile restrictive qu’elle a menée lors de la législature passée, mais elle botte en touche et ne dit rien par rapport aux urgences politiques (fédérales) à prendre dans le cadre de ce plan comme la nomination d’un coordinateur SIDA ou la fin de l’obligation de voir un membre du corps médical réaliser les dépistages, pour ne prendre que quelques exemples. Raison de plus pour être mobilisés lors de la marche de ce soir ! A tout à l’heure.