Ducarme n'a pas peur … de l'ombre

Publié le vendredi 17 avril 2015
Rédigé par 
Jeremie Spinazze

Hier, je présentais dans La Libre la proposition de loi qu’Ecolo-Groen a déposée à la Chambre. Elle demande l’établissement d’un registre de transparence en ligne pour tous les contacts qu’entretiennent les lobbies des entreprises avec les militaires et les politiques pour les marchés militaires de plus d’1,5 millions d’€.

Depuis qu’on sait que la coalition kamikaze veut acheter des remplaçants aux chasseurs-bombardiers F-16, le lobbying a commencé, et « à fond les manettes ». Or, on sait qu’en matière de marché militaire il existe le précédent particulièrement pénible de l’affaire de corruption dite Agusta-Dassault. Il y a aussi plus récemment la présence inexpliquée du lobbyiste en chef du F-35 sur les bancs parlementaires de la Commission de la Défense nationale le 28 janvier dernier, ce que j’avais dénoncé.

© Reporters

Il s’agit donc d’être particulièrement attentifs à ce qui se passe dans les alentours de là où le choix sera fait. D’où l’idée de renseigner sur Internet l’ensemble des contacts que les entreprises militaires entretiennent avec les militaires, les fonctionnaires, les ministres et leurs membres de leur cabinet, dans une volonté de transparence d’autant plus importante qu’elle concerne une dépense gigantesque non seulement pour la Défense, mais pour le budget fédéral dans son ensemble (plusieurs milliards d’€).

Ecolo est évidemment opposé à un achat aussi inconsidéré et injustifié, à l’heure où des budgets fédéraux essentiels comme ceux de la santé, la sécurité sociale ou la police sont mis à la diète. Mais si ce marché devait avoir lieu par la volonté du MR et de la NVA, il se doit d’être limpide.

Aujourd’hui dans La Libre, Denis Ducarme prend l’exact contrepied de notre proposition, qu’il a visiblement mal lue. Si on met de côté les approximations grossières (« Ecolo est contre l’armée »), les insultes gratuites (« poujadisme ») et les menaces caricaturales (« je veillerai personnellement à ce qu’aucune des propositions de loi de Hellings ne soit votée cette législature »), ce que dit Ducarme est encore plus interpelant.

On apprend que ce registre n’est selon lui pas nécessaire, car la négociation se passe (formellement, c’est vrai) d’agence étatique à agence étatique mais il dit que lui a vu les 5 firmes en lice. Très bien, et bien pourquoi ces 5 firmes travaillent-elles les parlementaires au corps ? Pas pour essayer d’influencer un marché qui doit normalement se faire … d’Etat à Etat ?

Plus interpellant encore, c’est Denis Ducarme qui sait de source sûre (après avoir rencontré les firmes en question je présume) que 100 % de ce qui sera déboursé par l’Etat pour le remplacement des F-16 sera parallèlement investi par ces firmes dans l’économie belge. Or, une directive européenne de 2009 interdit de demander des compensations économiques lors d’achats militaires. Mais alors, comment vont-ils faire ?

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