Verdurisation 1
On me pose souvent cette question : « mais au fond, qu’est-ce qu’il y a comme différence entre vous, les Ecolos, et les autres partis, qui parlent aussi d’écologie ? ».
C’est une question légitime. En effet, les partis traditionnels ont lu des « études marketing » qui montrent l’intérêt des citoyens (surtout les jeunes) pour la question écologique au sens large. Du coup, il se sont mis à « verduriser » leur programme à toute vitesse et à dire partout qu’ils se sont mis au « développement durable », parfois par l’entremises de marionnettes priées de faire « jeune, rénovateur et alibi écolo ».
Ce que je vous expliquais il y a deux ans sur le « greenwashing » au sein des grandes structures industrielles et commerciales privées est maintenant observable dans le monde politique.
Je vous ai déjà démonté ici la vacuité du discours CDH sur la question. La « verdurisation » façon PS a quant à elle atteint son comble lors d’une interview du Ministre fédéral du Climat, Paul Magnette. C’était il y a un mois ou deux sur les ondes de Matin Première.
Lors de ses échanges avec les auditeurs donc, le ministre socialiste a énuméré de façon pertinente les multiples désavantages du régime fiscal avantageux pour les voitures de société en Belgique. Citons: l’irresponsabilisation des conducteurs, incités à rouler énormément (puisqu’ils ont une « carte-essence ») et le grèvement du budget de l’Etat … qui paie ces voitures par la défiscalisation partielle dont elles bénéficient.
Mais il a ajouté que ce régime fiscal avait également des avantages, comme celui du renouvellement rapide du parc automobile belge, ce qui le rend plus écologique ! Cet argument est également celui avancé par l’un des lobbies les plus puissants de ce pays, la FEBIAC (la fédération automobile).
Bien sûr que les véhicules neufs ont tendance à consommer moins que les vieux clous. Mais il s’agit d’un leurre. Pourquoi ?
- Un véhicule de société, après 4 ans, ne va pas à la casse, mais est revendu … et émet dès lors toujours du CO2.
- Les voitures de société sont généralement de grosses cylindrées, plus grosses émettrices de CO2 qu’un véhicule plus petit, question de standing. Si l’employé pouvait bénéficier d’une augmentation de salaire correspondant à l’avantage en nature que représente la mise à disposition d’un véhicule, il n’achèterait certainement pas un véhicule des gammes actuellement proposées, mais un véhicule réellement adapté à ses besoins, consommant le moins de carburant possible (puisqu’il le paie !).
- Le régime fiscal avantageux des voitures de société incite les employeurs à octroyer des véhicules de sociétés (plutôt qu’une augmentation salariale équivalente, actuellement surtaxée) à des employés qui n’ont parfois pas l’usage professionnel de leur véhicule. Ce régime fiscal absurde met donc sur nos routes de nombreux véhicules, qui autrement n’auraient aucune raison d’être. Mettons-nous à la place d’un employé qui pourrait se rendre au travail en transport en commun … mais à qui l’on a offert un véhicule qui roule « pour rien ». Va-t-il faire l’effort de payer son ticket de train ou de bus ? Non bien évidemment ! Et on le comprend.
Je ne vais pas revenir sur les propositions d’Ecolo sur la question. Tout est en ligne ici.
Bientôt, je vous parlerai des autres aspects, développés lors de cette hallucinante interview. Paul Magnette a ainsi justifié la mise en culture de peupliers OGM et … le monopole dans le secteur de l’énergie ! La suite au prochain épisode.
En attendant, voici une vidéo amusante qui montre la vision du Développement Durable d’une candidate PS aux élections fédérales de 2007. Y’a pas de doute, elle a vraiment tout compris. 😉
NB : Merci à Catherine pour la redécouverte de cette perle.