Verdurisation 1

Publié le vendredi 10 avril 2009
Rédigé par 
Jeremie Spinazze

On me pose souvent cette question : « mais au fond, qu’est-ce qu’il y a comme différence entre vous, les Ecolos, et les autres partis, qui parlent aussi d’écologie ? ».

C’est une question légitime. En effet, les partis traditionnels ont lu des « études marketing » qui montrent l’intérêt des citoyens (surtout les jeunes) pour la question écologique au sens large. Du coup, il se sont mis à « verduriser » leur programme à toute vitesse et à dire partout qu’ils se sont mis au « développement durable », parfois par l’entremises de marionnettes priées de faire « jeune, rénovateur et alibi écolo ».

Ce que je vous expliquais il y a deux ans sur le « greenwashing » au sein des grandes structures industrielles et commerciales privées est maintenant observable dans le monde politique.

Je vous ai déjà démonté ici la vacuité du discours CDH sur la question. La « verdurisation » façon PS a quant à elle atteint son comble lors d’une interview du Ministre  fédéral du Climat, Paul Magnette. C’était il y a un mois ou deux sur les ondes de Matin Première.

Lors de ses échanges avec les auditeurs donc, le ministre socialiste a énuméré de façon pertinente les multiples désavantages du régime fiscal avantageux pour les voitures de société en Belgique. Citons: l’irresponsabilisation des conducteurs, incités à rouler énormément (puisqu’ils ont une « carte-essence ») et le grèvement du budget de l’Etat … qui paie ces voitures par la défiscalisation partielle dont elles bénéficient.

Mais il a ajouté que ce régime fiscal avait également des avantages, comme celui du renouvellement rapide du parc automobile belge, ce qui le rend plus écologique ! Cet argument est également celui avancé par l’un des lobbies les plus puissants de ce pays, la FEBIAC (la fédération automobile).

Bien sûr que les véhicules neufs ont tendance à consommer moins que les vieux clous. Mais il s’agit d’un leurre. Pourquoi ?

  1. Un véhicule de société, après 4 ans, ne va pas à la casse, mais est revendu … et émet dès lors toujours du CO2.
  2. Les voitures de société sont généralement de grosses cylindrées, plus grosses émettrices de CO2 qu’un véhicule plus petit, question de standing. Si l’employé pouvait bénéficier d’une augmentation de salaire correspondant à l’avantage en nature que représente la mise à disposition d’un véhicule, il n’achèterait certainement pas un véhicule des gammes actuellement proposées, mais un véhicule réellement adapté à ses besoins, consommant le moins de carburant possible (puisqu’il le paie !).
  3. Le régime fiscal avantageux des voitures de société incite les employeurs à octroyer des véhicules de sociétés (plutôt qu’une augmentation salariale équivalente, actuellement surtaxée) à des employés qui n’ont parfois pas l’usage professionnel de leur véhicule. Ce régime fiscal absurde met donc sur nos routes de nombreux véhicules, qui autrement n’auraient aucune raison d’être. Mettons-nous à la place d’un employé qui pourrait se rendre au travail en transport en commun … mais à qui l’on a offert un véhicule qui roule « pour rien ». Va-t-il faire l’effort de payer son ticket de train ou de bus ? Non bien évidemment ! Et on le comprend.

Je ne vais pas revenir sur les propositions d’Ecolo sur la question. Tout est en ligne ici.

Bientôt, je vous parlerai des autres aspects, développés lors de cette hallucinante interview. Paul Magnette a ainsi justifié la mise en culture de peupliers OGM et … le monopole dans le secteur de l’énergie ! La suite au prochain épisode.

En attendant, voici une vidéo amusante qui montre la vision du Développement Durable d’une candidate PS aux élections fédérales de 2007. Y’a pas de doute, elle a vraiment tout compris.     😉

NB : Merci à Catherine pour la redécouverte de cette perle.

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