Marées noires
Après quantités d’essais-erreurs techniques, BP essaie donc de colmater avec du béton son puits de pétrole offshore détruit dans le Golfe du Mexique, aux abords des côtes de Louisiane. Cette histoire de marée noire impossible à arrêter depuis plus d’un mois me donne un bourdon pas possible. Alors qu’une autre marée noire est annoncée en Asie, la vue des ces oiseaux mazoutés, des ces magnifiques côtes souillées, de ces pêcheurs au chômage forcé et le fait de savoir qu’une gigantesque nappe pétrolière sous-marine semble se diriger vers les courants océaniques … me rendent fou.
Notre extrême dépendance au pétrole est la cause première de ce genre de catastrophe, c’est l’évidence, ce qui rend la décarbonisation de notre économie plus qu’urgente. Mais la responsabilité de certains est clairement engagée. Je pense à BP, et les enquêtes devront le déterminer, BP qui a visiblement sous-estimé l’ampleur de la catastrophe écologico-économique à l’œuvre. Mais les hommes et femmes politiques américaines sont aussi co-responsables.
En effet, rappelez-vous, à l’été 2008 je vous écrivais depuis les USA et je vous décortiquais les termes de la campagne présidentielle d’alors. Pour des raisons stratégiques, le candidat Obama avait du modifier ses positions initiales plutôt écologistes sur le forage offshore (interdiction), pour faire contrepoids au très efficace slogan de Sarah Palin : « Drill Baby Drill » (creuse bébé). Il faut dire qu’alors le débat portait essentiellement sur le prix de l’énergie (relisez mon vieil article ici). Pas plus tard qu’en avril 2010 (!), Obama – devenu Président – a donc donné son blanc seing pour certains forages en mer, avec les conséquences désastreuses et pourtant prévisibles que l’on connaît aujourd’hui. La catastrophe du Golfe du Mexique lui donne l’occasion maintenant d’imposer un moratoire sur ces forages offshore. Mais quel gâchis : 3 avis différents en 2 ans et une catastrophe écologique historique par-dessus le marché.
L’autre marée noire est celle que les sondages annoncent en Flandre pour le 13 juin : le parti nationaliste et indépendantiste NVA deviendrait le premier parti flamand. Et là aussi les hommes et femmes politiques flamands sont selon moi responsables. Comme pour « Drill Baby Drill », certains partis flamands ont pris peur, et ont calqué leurs positionnements et leurs programmes sur celui de l’acteur qui semblait « être sur la vague », porteur. L’Open VLD sort du gouvernement fédéral, le fait tomber de façon totalement irresponsable et rompt le fil des négociations communautaires, en espérant apparaître comme un « bon flamand ». En vain. Le CD&V s’alliait en cartel (aujourd’hui défait) avec la NVA, rendant celle-ci « fréquentable » et tout à coup bien plus fort que le groupuscule nationaliste qu’elle était auparavant.
L’électeur préfère toujours l’original à la copie et les deux ex-grands de la politique flamande vont l’apprendre à leurs dépends. Il reste 17 jours de campagne pour inverser cette tendance, mais quand on joue avec des allumettes sur une station pétrolière, qu’on se s’étonne pas que parfois, ça pète.