Les péripéties politiques de ces dernières semaines ne m’ont pas donné envie d’écrire. J’étais – comme beaucoup – trop écoeuré. Rien d’émancipateur, de prospectif ou positif ne serait sorti de mon clavier. 

Comme beaucoup d’entre-vous, je suis resté pendu aux flashes infos des radios & des télés, aux sites internet des quotidiens francophones ou flamands (si vous ne connaissez pas Ter Zake, regardez,  c’est l’émission qu’il vous faut pour mieux comprendre la politique flamande). La conduite de ce pays était pendue durant 15 jours aux sauts et soubresauts d’un parti complètement malade : le CD&V.

Voir Michel Daerden faire son show à Répondez à la Question, en ridiculisant la Wallonie par ricochet, n’a évidemment pas aidé à me remonter le moral. Je passe évidemment sur les lancers de roquettes du Hamas et les bombardements puis l’invasion de Gaza par l’armée israélienne, qui méritent un article à eux seuls (à venir).

Cet épisode supplémentaire de la  « slecht bestuur » fédérale (« Goed bestuur » était le slogan de campagne d’Yves Leterme et de son parti en juin 2007) a fini par dégoûter les quelques-un-e-s qui regardaient encore ce pays et son gouvernement avec, si pas de l’espoir, au moins un peu de compassion. Comment un parti comme l’ex-CVP a pu imaginer qu’il allait gagner les élections (grâce à son cartel nationaliste / séparatiste avec la NVA), puis « être aux affaires » en appliquant tel quel son programme (entre-autres communautaire), en méprisant l’autre Communauté et, qui plus est, en faisant fi d’une des règles élémentaires de la Démocratie : la séparation des pouvoirs.

Le résultat final est sans appel. Aucun point du programme du CD&V n’a été engrangé, son leader aux 800 000 voix est totalement discrédité, tandis que le pays est entré (comme tout le monde occidental) dans une crise économique sans précédent. C’est à ce moment catastrophique-là que la Belgique fédérale est restée quelques jours sans aucun capitaine à son gouvernail.

Le comble est de voir monter à la tête de l’exécutif belge un homme qui n’en voulait pas, un homme dont son parti ne voulait pas. La Belgique doit être le seul pays où personne ne veut devenir Premier Ministre. Herman Van Rompuy, dont les convictions tant économiques qu’éthiques, sont ancrées dans un conservatisme assumé, aux antipodes de mes conceptions personnelles, a le mérite tout simplement … d’exister et d’avoir pris ses responsabilités. Voilà où nous en sommes tout-e-s réduit-e-s.

Les crises communautaire et économique belges sont totalement indépendantes. Le Gouvernement Leterme est tombé parce que certains de ses membres sont soupçonnés d’avoir directement ou indirectement fait pression sur des juges dans le cadre d’une affaire judiciaire en cours liée à la vente de Fortis à BNP Paribas. Pour une fois, ça n’a  rien à voir avec un nouvel élan de fièvre communautaire. Mais voilà, le sentiment de gâchis est immense, parce que les crises s’accumulent, et le sens de tout ce cirque est indéchiffrable pour le plus grand nombre.

Durant cette période floue, les écologistes n’ont pas mis d’huile sur le feu. L’essentiel était d’avoir un gouvernement rapidement au travail. En attendant, les questions essentielles comme le sens de l’économie (pourquoi on produit, pourquoi on travaille, pourquoi on consomme, pourquoi on se déplace) ou les catastrophes socio-économiques n’ont pas trouvé leur réponse par de vrais actes gouvernementaux, fédéraux et courageux.

Dans ce marasme politique ambiant, mon copain et moi, comme de plus en plus de Bruxellois, avons décidé de vider nos comptes épargnes. Pas par peur de perdre nos maigres économies ! Nous avons investi dans l’installation de 9 m2 de panneaux photovoltaïques. Ils sont posés sur notre toit depuis la mi-décembre et produiront la moitié de notre consommation électrique actuelle. Les écologistes se remontent le moral comme ils peuvent …

Nous y avons mis absolument toutes nos économies, mais c’est un pari sur l’avenir. Un investissement, potentiellement rémunérateur à terme, également : le compteur électrique tourne littéralement à l’envers. L’énergie électrique totalement verte (que nous ne consommons pas) est réinjectée sur le réseau bruxellois, et donne droit à des « certificats verts », c’est-à-dire, de l’argent par KWH produit, vendu et mis à disposition de tou-te-s sur le réseau électrique.

Cette installation bénéficie de primes régionales bruxelloises particulièrement intéressantes (3500 € !), à l’initiative d’Evelyne Huytebroeck. Je vous ai déjà parlé ici des prêts à taux zéro dont peuvent également bénéficier les citoyens bruxellois à (très) faibles revenus. Certains de mes amis m’ont fait remarquer que c’était une forme de subsidiation de l‘économie verte … Ca l’est. Mais la construction et la sécurisation (nécessaire) des centrales nucléaires n’ont-elles pas été aussi massivement subsidiées par l’Etat Belge dans les années 70 ? La différence est que ces panneaux ne seront pas radioactifs durant presque 1000 ans … et qu’ils ne seront dès lors pas à charge de la collectivité actuelle et future, une fois devenus des déchets, dans une trentaine d’années.

Une réorientation radicale réclame des mesures radicales. Avec le Protocole Kyoto, les tonnes de CO2 que nous n’économisons pas, l’Etat Belge devra les payer, d’une façon ou d’une autre. Autant que l’argent public bénéfice aux citoyens belges et à tout un pan de notre nouvelle économie … verte. C’est l’occasion de vous rappeler ici l’existence des Passeurs d’énergie, pour vous aider à franchir le pas !

La crise financière a un impact terriblement négatif sur ce que les médias appellent « l’économie réelle ». Elle peut aussi avoir un effet de réorientation profonde de cette même économie. Je pense, comme les écologistes européens, que notre économie doit délibérément et fondamentalement s’axer sur tous les métiers verts : isolation, travail social, transports durables, énergies vertes, économie sociale, recherche verte, culture, etc.

Peu de gens l’ont dit, mais l’impact de la crise financière a été quasiment nul sur les bilans de la banque éthique Triodos … Preuve que des investissements à échelle humaine, des investissements qui ont un sens, ce ne sont pas que des bons sentiments, mais aussi du business, si pas rentable, au moins sûr.

Nous sommes au début de la révolution économique verte. Aujourd’hui, ce sont encore des convaincus et des « pionniers » qui majoritairement se lancent à corps perdu dans ce type d’investissements. Tout l’enjeu des mois et des années à venir est de généraliser (et donc de rendre possible & évident) ce type de comportement à l’ensemble des ménages, c’est l’obsession politique d’Ecolo.

Je me rends compte aussi que si mes économies avaient été placées chez Kaupthing et non chez Triodos, je ne serais jamais parvenu à débourser l’argent nécessaire pour payer ces panneaux photovoltaïques. L’économie verte, c’est vraiment pour maintenant, je vous le dis.

Une superbe année 2009 à vous tou-te-s !