UNESCOCe WE, j’ai découvert ce qu’est un (mini) voyage parlementaire. La clé D’Hondt faisait que le groupe Ecolo devait aller représenter le Sénat à la Conférence parlementaire de l’UNESCO, à Paris. Puisque je serai prochainement membre de la Commission des Affaires extérieures du Sénat, mon chef de Groupe José Daras m’a demandé d’y participer.

J’ai donc passé deux jours dans la capitale française à écouter et puis débattre de divers rapports sur les actions, programmes et recherches actuellement menés par l’institution onusienne en charge de la promotion des Droits de l’Homme par l’éducation et la culture. Le plus impressionnant, dans ce genre de réunion, c’est la diversité des intervenants qui venaient littéralement du monde entier. Leurs interventions qui expliquent le contexte (déplorable) dans lequel l’enseignement primaire ou la promotion de la liberté de la presse est organisé par exemple au Malawi ou au Lesoto … font tout relativiser !

Je ne vous cache pas que les débats strictement parlementaires étaient de nature plutôt soporifiques. Certain-e-s de mes collègues étaient venus avec un agenda clair, monopolisant parfois longuement la parole pour intervenir sur des sujets aux antipodes du sujet abordé préalablement par le conférencier invité.

Une chose est sûre, cette enceinte a servi à faire écho aux problèmes géopolitiques de notre époque, dont la plaie béante qu’est l’interminable et effroyable conflit israélo-palestinien. Tous les députés issus du monde arabo-musulman ont systématiquement fait tourner leurs prises de parole sur ce sujet, venant en soutien systématique à l’intervention de notre collègue palestinienne. Comme je l’ai déjà expliqué ici, cette question est l’élément structurant la  politique et donc la communauté internationale. Il est la cause indéniable d’une radicalisation du monde arabe et de ses élites. Il faut le vivre pour le croire, mais entendre dans l’enceinte onusienne la maxime « Au nom de Dieu clément et miséricordieux » avant chaque intervention provenant d’un parlementaire arabe, ça vous laisse perplexe, personnellement très mal à l’aise.

Pour ce qui concerne le fond, j’ai été impressionné par l’intervention du directeur d’UNITAID (branche de l’OMS), l’ancien ministre français Douste-Blazy. Il a expliqué en long et en large son expérience de financement de politiques de santé à destination essentiellement d’enfants africains. Il s’agit en gros de la fameuse « taxe avion » de 2 € par billet (4 € en business), initiée par le gouvernement français et suivie par 33 autres pays du monde. Ce fonds, créé au niveau mondial, a permis de récolter 1 milliard de dollars en 3 ans. Ces moyens ont ensuite été alloués à de ONG ou des fondations qui ont confectionné les programmes onusiens de vaccination d’enfants (malaria, tuberculose) ou de campagnes de protection des nourrissons par rapport au VIH que leur a transmis leur propre mère, lors de l’accouchement.

Une excellente idée … taxer de façon minime un secteur qui ne l’est presque pas, au bénéfice de ceux (les pays en voie de développement) qui subissent durement l’impact de ce type de tourisme. Une idée à suivre pour ceux qui cherchent des sources de financement pour la coopération au développement !

Enfin, je n’étais pas le seul belge à cette conférence. Mes sympathiques collègues du Parlement de la Communauté française (Yves Reinkin) et du Parlement flamand (Sabine Poleyn et Fientje Moerman) étaient aussi de la partie, fédéralisme belge oblige. C’est évident qu’une partie des conférences étaient consacrée à des matières directement en lien avec les compétences communautaires, ce qui justifie leur intérêt et donc leur présence à ce colloque. Mais imaginez, si tous les parlements belges avaient envoyé un représentant, nous aurions été sept pour représenter la Belgique ! Il est temps que nous réorganisions la façon dont nous nous présentons à l’étranger, dans le respect de l’autonomie de chacune des régions et communautés … mais avec plus de cohérence et d’efficacité, comme je vous en parlais déjà ici. Imaginez la tête notre collègue du Bénin (voir photo) à côté de qui nous étions assis. Nous étions quatre à table, pour un seul pays.