La visite du Président chinois Xi Jinping ne passe pas inaperçue, c’est le moins qu’on puisse dire ! Amnesty International s’est vu refuser de manifester aux abords de l’hôtel où réside Xi. Or, l’ONG de défense des Droits humains avait effectivement déposé une demande d’autorisation le 19 mars 2014 à 9h51, par e-mail auprès de la Police bruxelloise. C’est la procédure tout à fait régulière telle que prévue sur le site Internet de la Ville lorsque vous souhaitez organiser un événement de ce genre, comme vous pourrez le lire ici.

Suite à ce dépôt formel, des discussions informelles (par téléphone) s’en sont suivies entre Amnesty et les policiers bruxellois où il a été précisé que cette demande d’autorisation n’avait aucune chance d’aboutir tellement les pressions chinoises « au plus haut niveau » étaient fortes.

C’est que le président Xi n’est pas resté qu’à Bruxelles, il s’est ainsi rendu à Brugelette pour revoir les fameux pandas de Pairi Daiza. Et si vous écoutiez le journal parlé de la Première ce dimanche à 9h, on y interrogeait le Bourgmestre de Brugelette, André Desmalières (PS). Vous pouvez écouter le podcast en entier ici.  Voici ce qui a été dit :

Le journaliste : « la police a même demandé au Bourgmestre de Brugelette d’interdire toute manifestation sur le parcours de la voiture présidentielle« 

Le Bourgmestre : « Moi, ce qu’on m’a dit, c’est qu’il ne voulait pas (et c’était peut-être une crainte) du non seulement président chinois mais de notre roi également c’est qu’il y ait l’une ou l’autre manifestation de Tibétains. Et ça le président chinois a bien insisté là-dessus, c’est qu’il ne doit y avoir aucune pancarte à ce niveau-là sur le trajet qu’il va emprunter. […] Mais si on a l’un ou l’autre manifestant le long de la voie publique, d’après ce qu’il a dit, ça pourrait poser un problème diplomatique grave. »

Si M. Desmarlières a subi ces pressions, M. Mayeur et sa police communale aussi ! C’est le sens de la question que je poserai à Joëlle Milquet ce jeudi en séance plénière du Sénat. Des pressions politiques chinoises auraient-elles été exercées au plus haut niveau pour que ces militants ne puissent pas exercer leur droit à la liberté d’expression ici en Belgique ?

Ecolo a vivement réagi par communiqué dès dimanche matin pour rappeler que s’il est déjà particulièrement regrettable de ne pas assortir les échanges économiques entre l’Union européenne et la Chine de strictes conditions relatives au respect des droits humains, syndicaux et environnementaux là-bas, il est honteux de désormais affadir le respect des droits fondamentaux ici. C’est la « tienanmenisation » de notre espace public !