10298986_10152151565106376_2045689337668087487_nAmbiance hier aux abords du palais d’Egmont à Bruxelles, endroit où se tenait l’European Business Summit, sorte de grand-messe patronale autour du sacro-saint principe du libre-échange. Comme plusieurs fois auparavant (souvenez-vous), les écologistes se sont joints aux syndicats, aux associations de défense des droits humains et de l’environnement pour dénoncer la méthode et de le contenu de la négociation en cours autour du probable traité transatlantique (TTIP). Je ne reviendrai ici pas sur l’inacceptable violence dont ont été victimes les manifestants qui protestaient pacifiquement aux abords de la Place Stéphanie. Tout a été dit et écrit à ce sujet.

Cet évènement m’amène à cette réflexion sur la meilleure façon de combattre ce monstre caché. Cela fait plus d’un an et demi qu’avec mes collègues d’Ecolo Philippe Lamberts, Isabelle Durant et Stéphane Hazée nous travaillons à mettre en lumière les enjeux de ce TTIP, au Parlement européen, au Parlement wallon et au Sénat. Le hasard a voulu que c’est au moment où les manifestants dénonçaient la collusion entre le big business et les négociateurs européens et américains du TTIP lors de ce Summit qu’enfin la question transatlantique a émergé dans les médias belges. Et si des députés d’Ecolo n’avaient pas été arrêtés avec 250 autres citoyens engagés, la presse n’en aurait peut-être jamais parlé ! C’est le seul point positif de la journée d’hier.

Parce qu’en fait, les lobbies des multinationales ont tout intérêt à continuer leur jeu d’influence dans les couloirs des grands hôtels de Bruxelles, de Washington ou de la Commission européenne, à l’ombre. Ceux qui ont intérêt à mettre en place un gigantesque marché entre les deux rives de l’Atlantique veulent par cet accord atteindre des objectif de dérégulation, d’harmonisation par le bas de nos normes sociales, sanitaires et environnementales , en plus de la mise sous tutelle de nos démocraties européennes par une sorte de mécanisme imbuvable de tribunal arbitral où une multinationale pourrait attaquer un Etat qui contreviendrait par ses règles à contre le principe de libre-échange. Ce qui s’est passé hier, c’est la mise en lumière crue de ce mécanisme imbuvable de la négociation biaisée et en « schmet » où les intérêts des gros sont avantagés par rapport à tous les autres : travailleurs, santé des citoyens, environnement, PME, TPE … le coeur car la très grand majorité de ce qui fait notre société et de notre économie.

10325198_10152106085290732_1984641193450131171_nAlors les évènements d’hier étaient terribles mais une fois la colère passée, ils m’ont paradoxalement réchauffé le coeur, même si la plupart de mes vêtements étaient mouillés par les autopompes. Car j’étais beaucoup moins seul qu’au Sénat, le 20 mars dernier, où lorsqu’on analysait une résolution sur la « réindustrialisation de l’Europe« , les partis de la majorité ont refusé d’intégrer une série de mes amendements sur les dangers que pouvaient représenter le traité transatlantique pour les normes sociales et environnementales mais aussi les choix industriels que le Continent pourrait faire à l’avenir pour recréer un tissus industriel durable. Jamais, par la volonté du PS, du MR et du cdH, ma résolution plus globale sur le TTIP n’aura été mise à l’ordre du jour du Sénat, malgré l’actualité patente, malgré ma demande répétée de voir celle-ci traitée en urgence.

Des menottes aux poignets de ces 250 valeureux manifestants et des centaines de litre d’eau d’autopompe auront donc été plus efficaces que les résolutions ou les réunions de commission des parlements, que les questions parlementaires, que les communiqués de presse, que la lettre ouverte à Obama lors de sa venue à Bruxelles (où il venait évidemment donner un coup de pouce à ces négociations) ou encore la conférence-débat d’Ecolo et Etopia organisaient il y a une semaine encore. C’est bien la preuve que c’est une alliance entre politiques progressistes et mouvements citoyens engagés qui peut faire changer les choses. C’est ma façon de faire de la politique. C’est ECOLO.