Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1961 alors que le Secrétaire général de l’ONU Dag Hammarskjöld et 14 autres représentants de l’ONU se rendent au Katanga, la région sécessionniste du Congo, leur avion s’écrase dans la jungle de Rhodésie du Nord, soit la Zambie actuelle. L’ensemble des passagers décédera lors du crash sauf un, qui mourra quelques jours plus tard.

Dag Hammarskjöld

Cet accident survient alors que la situation politique dans la région est explosive. Nous sommes en pleine décolonisation et c’est la Guerre froide. Les Etats anciennement colonisateurs que sont la Grande-Bretagne mais bien évidemment la Belgique tirent encore de nombreuses ficelles dans cette région devenue clé pour les deux ennemis jurés : les USA et l’URSS. L’Afrique du Sud, puissance régionale d’apartheid, observe les événements d’un peu plus loin.

Alors que le 30 Juin 1960 le Congo déclare son indépendance et se libère du colonisateur belge, le 11 juillet, le Katanga fait sécession. Cette province minière est de très loin la plus riche du pays. Cette décision fait suite à la volonté du Premier ministre Patrice Lumumba de nationaliser les mines de son pays. Mais le Katanga, poussé dans le dos par la puissante Union Minière du Haut-Katanga et ses soutiens, va ainsi s’opposer à cette décision. Les affrontements entre les forces gouvernementales et les forces séparatistes s’intensifient et amène l’ONU à intervenir. Dag Hammarskjöld s’implique dans la résolution de ce conflit. Chaud partisan de l’indépendance des peuples africains, le Suédois s’attirera de nombreux ennemis. C’est dans ce contexte qu’il se rendait dans la province sécessionniste.

Suite au crash de l’avion, l’ONU va diligenter une enquête pour faire éclater la vérité autour de cet accident. Mais rapidement celle-ci piétine et se clôture sur une impasse. L’accident est suspect et ne semble pas être accidentel, mais les enquêteurs ne rassemblent pas suffisamment de preuves pour pouvoir étayer d’autres théories. L’enquête est rapidement close.

En 2016, l’ONU décide solennellement de rouvrir l’enquête. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour essayer de connaître les raisons de la disparition du seul Secrétaire général de l’ONU mort durant son mandat, de façon violente de surcroit ? Tout d’abord parce qu’une chercheuse britannique, Susan Williams, va rouvrir le dossier en écrivant un ouvrage de référence sur le sujet. Mais aussi parce qu’après 50 ans, les dossiers classifiés ne le sont (généralement) plus. Dès lors, l’accès aux documents nécessaires pour faire la lumière sur ce qui s’est passé cette nuit-là sera bien plus aisé qu’en 1961. Cela, c’est en comptant sur la coopération des Etats concernés : Belgique, Etats-Unis, Grande-Bretagne et Afrique du Sud. Mais cette collaboration fut le plus souvent de façade, et ce mystère n’est donc toujours pas élucidé. Jusqu’à quand ?

(à suivre)