Xénophobie
Comme je vous l’ai déjà expliqué ici et ici, la lutte contre toutes les formes de discriminations et de rejet de l’autre a été la base de mon engagement actif à Ecolo voici 7 ans.
Il m’est arrivé de devoir vivre les conséquences désastreuses d’un délit de faciès hier soir.
Vous lirez plus bas le mail que je viens d’envoyer à la direction du bar gay bruxellois bien connu – « Chez Maman » – qui a refusé hier l’entrée à mon amie Barbara qui a entre autres qualités celle d’être métisse.
Si je me suis battu avec Ecolo (via Ecolo Nous Prend Homo) pour le droit des lesbigaytrans, ça n’est pas pour subir une autre forme de discrimination au sein même d’une communauté discriminée.
Je vous tiendrai bien évidemment au courant sur ce blog de la réponse que l’établissement peut-être m’enverra.
D’ici-là, vigilance et bonne lecture !
———- Forwarded message ———-
From: Benoit Hellings <benoit.hellings@gmail.com>
Date: 16 sept. 2007 17:24
Subject: Racisme | “Chez Maman”
Monsieur,
J’ai voulu me rendre dans votre établissement ce dimanche 16 septembre 2007 vers 2h20, comme j’ai l’habitude de le faire depuis une dizaine d’années maintenant, régulièrement, jusque là avec le plus grand des plaisirs.
Je me suis donc présenté avec mon amie Barbara à l’entrée de Chez Maman la nuit dernière. Nous étions les premiers arrivés d’un groupe d’amis qui avaient passé l’avant-soirée ensemble et nous désirions attendre leur venue à l’intérieur de votre établissement.
Votre portier nous a signifié qu’il s’agissait à ce moment-là d’une « soirée privée ». Pensant naïvement que le bar avait été exceptionnellement privatisé, nous nous apprêtions à nous rendre ailleurs lorsqu’un groupe de 3 gays a pu entrer, directement, vers 2h25.
J’ai alors fait remarquer au portier cette bizarrerie, ce à quoi il m’a répondu que la politique de la maison était de limiter la présence de personnes de sexe féminin au sein de l’établissement et qu’à ce moment-là, les filles étaient déjà très nombreuses à l’intérieur du bar. C’est heurtant, mais nous n’étions pas au bout de nos surprises.
Vers 2h30, un groupe de 8 personnes, composé de 5 gays et de 3 filles, s’est présenté à l’endroit où nous attendions. Ils sont entrés quasiment immédiatement. Devant le tollé que cette entrée a provoqué, Ali est arrivé pour s’enquérir du flottement apparent. Le portier nous a avancé un nouvel argument nous signifiant que si l’entrée nous avait été refusée, c’est parce que le bar atteignait sa capacité d’accueil maximale.
Traumatisés mais malgré tout parvenus à entrer, nous nous sommes rendus au vestiaire puis dans la salle … qui à 2h40 … était à moitié vide. Profondément dégoûtés par les multiples justifications mensongères avancées par votre personnel, mon compagnon, nos amis et moi-même avons enfin compris que si l’entrée nous avait été refusée, c’est parce que Barbara était métisse et qu’elle avait la situation aggravante – aux yeux de votre portier – de s’être présentée avec moi seul, ce qui faisait de nous deux un couple hétérosexuel mixte factice des plus malvenus dans votre établissement.
En effet, des gays sont entrés sans problèmes et sous nos yeux à 2h25, des filles (blanches) accompagnées de gays sont entrées tout aussi facilement à 2h30 … et le bar était à 2h40 loin d’être rempli. Mon amie métisse (et accessoirement hétérosexuelle) était donc dérangeante aux yeux des membres de votre personnel. C’était d’autant plus flagrant que jamais, parmi la cinquantaine de fois que je me suis rendu dans votre bar seul ou accompagné de gays, la porte ne m’avait été refermée sur le nez. A plusieurs reprises, je me suis même rendu chez vous avec Madame Genot ou Madame Huytebroeck, et trois de ses amies hétérosexuelles (toutes blanches il est vrai), sans que cela n’ait posé l’ombre d’un problème.
Cette attitude discriminatoire et non seulement punissable par la récente loi réprimant toute forme de sexisme, de xénophobie, d’antisémitisme et d’homophobie, mais elle est surtout symboliquement choquante dans le chef d’un établissement gay, connu pour ses différents engagements citoyens (factices ?) en faveur du droit à l’égalité.
De l’expérience désastreuse d’hier, je retiens que des instructions claires sont données à votre personnel pour que les hétérosexuel-le-s et/ou de couleur se voient refuser l’entrée de votre bar . J’en veux pour preuve les multiples invectives de votre portier à ses collègues : « qu’on me dise quoi faire alors, j’ai des instructions ! ». C’est écœurant.
Comme client, comme gay, comme animateur de la Commission Ecolo Nous Prend Homo et comme citoyen engagé sur ces questions en particuliers et celles liées à la non-discrimination en général, je suis outré par l’ affront raciste et hétérophobe qui a été infligé à mon amie Barbara.
Cette attitude désagréable, suprêmement anti-commerciale et insultante ne m’incite évidemment plus à me rendre dans votre établissement à l’avenir. Des actes d’une telle violence symbolique sont particulièrement choquants lorsqu’ils sont commis par des personnes elles-mêmes victimes de discriminations, comme les gays.
Benoit Hellings