Guy Verhohstadt a écrit lundi dernier à la Commission européenne pour demander que les objectifs que cette dernière a fixés à la Belgique en matière d’énergie renouvelable soient revus à la baisse !

En effet, la Commission européenne pense fixer à notre Etat un objectif de 12 à 13% d’énergie renouvelable à atteindre à l’horizon 2020. Pour mémoire, la production d’énergie renouvelable belge était de 2,5% en 2005 !

En mars 2007, les Vingt-sept Etats européens avaient décidé en Sommet européen de réduire collectivement leurs émissions de CO2 de 20 % d’ici 2020 et de porter à 20 % la part des énergies renouvelables au sein de la consommation énergétique européenne dans son ensemble. C’est un objectif au fond assez modeste. Mais soit, c’était mieux que rien.

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont demandé à la Commission européenne de répartir ce double objectif commun entre entre eux de façon « différenciée, équitable et transparente » en  tenant compte des particularités de chacun.

La Commission voudrait imposer à chacun des Etats européens une augmentation linéaire de sa production d’énergie verte de 5,75 % à l’horizon 2020. Cette augmentation dépend également du PIB/habitant, ceci afin d’aider les Etats les moins riches dans leur transition écologique.

Le « nouveau » Premier ministre belge du gouvernement PS / MR / cdH / VLD / CD&V a donc sollicité un rendez-vous avec José-Emmanuel Barroso pour aborder cette « problématique » ainsi que celle des quotas de CO2. On peut être sûr que le chef du gouvernement parlera aussi des quotas de CO2 belges, sujet actuellement au centre des débats wallons concernant le haut-fourneau d’Arcelor-Mittal à Seraing.

Ces deux démarches sont selon moi un non sens économique à long terme.

Sous la pression du lobby nucléaire (dont la FEB s’est visiblement fait le porte-parole), un certain nombres d’hommes et de femmes politiques sont soumise-s à d’importantes pressions pour faire passer l ‘idée que l’énergie nucléaire est indispensable. Cette fois, ils et elles vont même plus loin, puisqu’ils hurlent partout où se tend un micro que l’objectif minimaliste de la Commission européenne en matière de renouvelable est « irréaliste ».

Le but est clair : obtenir une prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires belges pour maximiser les profits de Suez-Electrabel actuellement en position ultra-dominante sur le marché en Belgique.

En agissant comme Verhofstadt, les partis traditionnels ne se contentent donc pas de favoriser (durablement) les intérêt de Suez-Electrabel, mais tuent dans l’oeuf le magnifique appel d’air économique que représentent les normes européennes contraignantes en matière d’énergie renouvelable. En effet, si l’on sait qu’à l’horizon 2020 on est obligés de produire 20% de renouvelable européen, autant dire que ce secteur devra connaître un boum sans précédent !

Les éoliennes, la cogénération, la biomasse et toutes les autres façon de créer de l’énergie verte ne sont pas des rêves mais des techniques éculées, efficaces et déjà rentables. Les partis traditionnels veulent en empêcher l’éclosion économique. En attendant, ils vont rouvrir un haut-fourneau wallon, pour quelques mois … et quelques millions d’euros.

Pffffff.


Mise à jour au 11/01/2008 :

Voici un film de Greenpeace UK sur le nucléaire … il explique  pourquoi cette énergie dépassée n’est pas la solution pour lutter efficacement contre les changements climatiques.

Il appellent ça The Convinient Solution :


Mise à jour du 12/01/2008 :

Jean-Pierre Hanssen, patron d’Electrabel, vient d’annoncer qu’il envisageait un blocage des prix de l’électricité et du gaz pour ses clients  … sauf augmentation trop forte du prix du pétrole.

Pour rappel, celles et ceux qui promeuvent la prolongation de la vie des réacteurs nucléaires belges avancent comme arguments que le nucléaire nous rend indépendants du pétrole et permet de garantir des prix bas pour l’électricité.

Près de 80% de l’électricité belge est produite par l’atome actuellement … et entre 2006 et 2007, le prix Electrabel de l’électricité a augmenté de 11% ! Avec une telle proportion d’énergie nucléaire, prétendument si « bon marché », pourquoi les prix doivent-ils suivre le cours du pétrole ?

C’est très clair, Electrabel-Suez (donc aussi l’Etat Français) a augmenté ses prix de façon injustifiée, au détriment de la sécurité, de la santé et des finances des citoyens / consommateurs belges.


Mise à jour au 24/01/2008 :

Paul Magnette (PS) et Guy Verhofstadt (Open VLD) se disent finalement satisfaits des normes imposées hier par la Commission européennes, alors que l’on sait qu’un lobbying très intense a été opéré par le gouvernement belge pour faire baisser ces exigences européennes … Soit.

L’Allemagne vient quant à elle de décider un objectif de réduction d’émissions de CO2 ambiteux de 40%. C’est bien de se réjouir d’objectifs que les autres vous fixent en environnement (le cas du gouvernement belge), c’est mieux de prendre les choses en main et d’aller plus loin dans la construction de l’économie et des emplois verts du futur (la décision du gouvernement allemand). Ce sont pourtant tous deux, des gouvernements de très grande coalition (sans verts).

En quelques mois, notre actuel  “ministre du Climat” a appuyé ses collègues du gouvernement wallon dans la décision de créer de nouvelles autoroutes, a acheté 8 voitures (dites “propres”) pour son cabinet au salon de l’auto, a participé à l’inauguration d’un aéroport low cost à Charleroi et a mené un intense travail de lobbying pour trouver des quotas de CO2 pour réouvrir les industries passéistes de Mittal à Ougrée.

Il doit être content que la Commission européenne, pour ses dossiers, prenne les décisions courageuses et contraignantes à sa place.

Regardez cette video de Jean-Claude Marcourt, à pleurer (de rire) :