Deux débats font périodiquement surface ces derniers mois et ce avec beaucoup d’insistance : la crise énergétique et la crise alimentaire. Ce qui est frappant, c’est que tant le monde politico-médiatique que le public semble vouloir trouver une solution unique, centralisée, pour ne pas dire magique aux deux problèmes posés. La faute aux sujets forcément réducteurs des JT qui font invariablement 1m30 ?

Premier cas : le prix de l’énergie augmente, de façon exponentielle, créant des problèmes sociaux nouveaux dans le chef des couches les plus précaires des populations du monde occidental, qui ne savent plus payer leurs factures. Les agences publicitaires des grands groupes industriels actifs dans le secteur de l’énergie, dont les bénéfices ont augmenté de façon considérable depuis que l’augmentation des prix de l’énergie est forte, offrent des solutions simples : la diversification des sources énergétiques indépendantes du pétrole.

To get the oil price, please enable Javascript. C’est ainsi que la première page du site Internet du Soir s’est vue gratifiée au cours de la semaine dernière d’un spot vidéo de Suez montrant l’énergie nucléaire comme faisant partie d’un « mix » énergétique équilibré, au même titre que la biomasse, l’éolien ou le solaire (des énergies réellement vertes). Remarquez l’usage adroit du concept de  « mix énergétique », novlangue suézienne d’ailleurs déjà utilisée à profusion par tous les représentants des partis politiques traditionnels ! Soyez attentifs/ves quand vous écoutez les médias, vous verrez.

L’idée sous-jacente des nucléocrates se veut efficace : le nucléaire serait indispensable à la transition vers l’énergie totalement verte. Et que donc il faut retarder la fermeture des réacteurs nucléaires belges, le temps de voir émerger les nouvelles énergies. Notre avis est que cette transition risque d’être interminable tant que les décideurs économiques ne sont pas fixés sur les règles qui s’appliqueront à eux, définitivement. Les énergies renouvelables sont des techniques éculées, applicables dès maintenant, porteuses d’emplois non délocalisables. Elles demandent des capitaux pour se développer, capitaux aujourd’hui bloqués dans les industries archaïques et nocives, pétrolières et nucléaires.

En disant qu’aucun réacteur nucléaire ne pourra plus fonctionner sur le territoire belge d’ici une quizaine d’année … le message des pouvoirs publics au secteur énergétique  est limpide : investissez massivement dans le renouvelable, sinon, votre entreprise ne sera pas viable à terme. L’objectif de Suez est en fait beaucoup plus retors, il veut faire croire que le nucléaire est la solution unique pour payer moins chère son énergie et se rendre indépendant du pétrole, tout en n’émettant pas de CO2. Comme si l’électricité belge (produite par le nucléaire) n’avait pas augmenté en même temps que le prix du pétrole (enrichissant éhontément les actionnaires d’Electrabel-Suez, j’en parlais ici). Et comme si les déchets nucléaires étaient devenus tout à coup biodégradables …

L’autre exemple : la crise alimentaire. Les produits de première nécessité comme le blé, le riz ou les autres matières premières ont connu une augmentation de prix expliquée par l’émergence des agro-carburants et du changement de comportement alimentaire dans les pays émergents (Chine et Inde pour aller vite). Les terres agricoles autrefois dévolues aux cultures alimentaires sont de plus en plus dévolues au colza, au maïs ou toute autre culture servant à fabriquer des agro-carburants. Les Chinois et Indiens devenus plus riches modifient leur comportements alimentaires et deviennent aussi gourmands en produits alimentaires (industriels) que nous, Occidentaux.

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Comme dans le cas de la crise énergétique, les grands conglomérats agro-alimentaires (comme Monsanto)  suggèrent une solution magique : la culture massive des OGM ! Ceux-ci augmenteraient la productivité des cultures … Comme si un problème créé par la surconsommation devait être réglé par l’ hyperproduction. Comme dans le cas du nucléaire, la solution simpliste des OGM a des implications environnementales, donc sociales et sanitaires incroyables. Comme j’en parlais ici, le problème des OGM est aussi économique : le vivant (c-à-d la moindre graine) peut être breveté au bénéfice unique d’une seule entreprise. Inadmissible.

Albert Einstein a un jour écrit que « le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu’il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau ». Les solutions sont donc ailleurs que dans les vieux réflexes productivistes. L’apport écologiste,qui met avant tout en avant la diminution de la consommation et l’usage raisonnable, équitable et convivial des ressources naturelles, dépasse ces vieilles conceptions. C’est mon avis.

Le député Jean Cornil (PS) a récemment déclaré sur Canal C (écoutez-le ici en cliquant sur “Couvin”), que le développement durable était la question politique centrale du XXIème siècle. Pour info, pour lui ou pour toute autre personne intéressée, on peut adhérer à Ecolo (et son programme) ici.    😉