OGM (2)

Publié le 01/10/09
RĂ©digĂ© par 
Jeremie Spinazze

Les peupliers OGM dont je vous parlais dans l’article prĂ©cĂ©dent sont d’ores et dĂ©jĂ  cultivĂ©s en champ. Il s’agit en fait d’un micro-champ de quelques dizaines de mĂštres carrĂ©s. VariĂ©tĂ©s « sauvages » et « mutantes » cohabitent dans cette parcelle clĂŽturĂ©e. Il s’agit uniquement de peupliers femelles, qui ne peuvent donc pas polliniser d’autres arbres. Les risques de dissĂ©mination dans l’environnement sont donc nuls. C’est un aspect que j’ignorais et qui, dans cet ocĂ©an d’inquiĂ©tudes, m’a un peu rassurĂ©.

Je pense que des institutions publiques qui effectuent des recherches fondamentales, crĂ©ant et manipulant des OGM d’un point de vue dĂ©sintĂ©ressĂ© a priori, peuvent avoir un sens. Que ces recherches aient lieu dans la sphĂšre strictement scientifique (et non commerciale), pourquoi pas. Dans tous les cas, le cadre lĂ©gal doit rester trĂšs strict et contrĂŽlĂ© afin d’éviter la dissĂ©mination dans l’environnement, selon le principe de prĂ©caution. LĂ  oĂč je suis vraiment interloquĂ©, c’est en voyant le milieu Ă©conomico-scientifique oĂč ces recherches-ci sont effectuĂ©es. L’objectif de recherche est conditionnĂ© (de façon plus ou moins explicite) Ă  l’idĂ©e de leur transformation rapide en produits industriels. Le sacro-saint principe de rentabilitĂ© pourrait donc facilement prendre le pas sur d’autres, comme le principe de prĂ©caution.

Bien au-delĂ  des risques potentiels pour la santĂ© et l’environnement (toujours incertains), ce qui m’inquiĂšte ici, c’est la position prise par de grosses sociĂ©tĂ©s comme GSK, Monsanto ou BASF, dans cette structure semi-publique et ses projets scientifiques. Compte tenu de la lĂ©gislation belge assez stricte en la matiĂšre, des plantes OGM  aujourd’hui dĂ©veloppĂ©es Ă  Gand, mais non plantĂ©es en sol belge, sont cultivĂ©es dans des rĂ©gions du monde (essentiellement en AmĂ©rique du Nord et du Sud) oĂč le cadre lĂ©gislatif est plus laxiste 
 et oĂč ces mastodontes industrielles ont des filiales.

Mon objection essentielle par rapport aux OGM, et cette crainte est confirmĂ©e par la visite du BIM, c’est le poids pris par les grosses sociĂ©tĂ©s pharmaceutiques et agro-alimentaires dans leur dĂ©veloppement et leur commercialisation. Les OGM sont devenus un moyen pour ces sociĂ©tĂ©s de contrĂŽler de façon radicale et monopolistique le marchĂ© agricole mondial, et de supprimer ainsi l’agriculture vivriĂšre, dans nos rĂ©gions mais surtout dans les pays du Sud. J’ajoute que si jamais les OGM passaient au stade industriel en Belgique, la dissĂ©mination de ces organismes dans l’environnement sonnerait le glas l’agriculture bio. Or, cette façon de cultiver est celle qui a tout simplement produit nos fruits et nos lĂ©gumes depuis 
 toujours.

Dans ce cas-ci le problĂšme est selon moi Ă©conomique avant tout. Pour Ecolo, le lĂ©gislateur doit donner la direction, l’objectif. S’il permet par les lois qu’il adopte, l’émergence d’une recherche appliquĂ©e sur les OGM, il donne un signal aux opĂ©rateurs financiers d’aller investir dans cette direction. Si, comme nous le prĂ©conisons, le lĂ©gislateur reste intraitable sur la plantation d’OGM sur le sol belge, les opĂ©rateurs financiers se dĂ©tourneront de ces hasardeuses aventures.

Une chose est sĂ»re, la Flandre a fait le choix des OGM comme vecteur de dĂ©veloppement Ă©conomique. Je pense, comme d’autres, que c’est un cul-de-sac stratĂ©gique, pour plein de raisons, dont la plus prosaĂŻque est l’absence de marchĂ© Ă  court terme 
 Ă  cause de la mĂ©fiance des consommateurs Ă  ce sujet. La Wallonie devrait, forte de cet exemple, se lancer Ă  corps perdu dans la promotion de l’agriculture bio, qui est un vĂ©ritable marchĂ© porteur, qui a dĂ©montrĂ© sa rentabilitĂ© et son intĂ©rĂȘt.

Une chose est sĂ»re, ThĂ©rĂšse et moi n’étions pas lĂ  pour arracher ces quelques peupliers, bien que l’envie aie pu nous prendre Ă  certains moments. Pour moi, ces peupliers sont – c’est le cas de le dire – l’arbre qui cache la forĂȘt. Evidemment que personne ne peut s’opposer Ă  4 ou 5 sympathiques scientifiques qui font de la recherche fondamentale sur des arbres inoffensifs. Mais regardons dans quel cadre et avec quels objectifs leurs recherches sont menĂ©es : rentabilitĂ© maximale et rapide 
 sous le regard bienveillant de multinationales pharmaceutico-alimentaires Ă  vocation monopolistique. Et lĂ , ça fait rĂ©flĂ©chir.

RĂ©seaux sociaux

Suivez-nous sur les réseaux sociaux et faites entendre votre voix !