Ne tournons pas autour du pot, j’exerce un mandat public, il est donc souhaitable que tout-e citoyen-ne puisse connaître les montants que les mandataires Ecolo reçoivent pour assumer leur tâche de représentation politique. L’actualité toute récente montre que la transparence est nécessaire pour recréer un lien de confiance entre citoyens et politiques.

EerdekensLe Député-Bourgmestre d’Andenne, Claude Eerdekens a déclaré le 11 août dernier à la Dernière Heure à propos d’Ecolo : « Ils disent qu’ils rétrocèdent 50 % de leur traitement de ministre ou de député à leur parti, ça, ce n’est pas vrai. » Faux ! Je vais vous le démontrer en décortiquant – publiquement – mon cas personnel.

Chaque mois, je reçois comme tous les parlementaires,  une « indemnité sénatoriale » de 6 062,79 € (la retenue pour la caisse de retraire a déjà été perçue en amont). Il s’agit en fait d’une sorte de salaire, sur lequel, je paierai aux alentours de 50% d’impôts, car avec un tel montant brut, les mandataires appartiennent aux  « plus hautes tranches » d’imposition. Je mets donc de côté 3 000 € pour payer ces impôts. Sur le montant net restant, je paie à mon parti 465,82 € de « rétrocession ». Cette somme est éventuellement diminuée de 0,75% par année d’ancienneté (zéro dans mon cas).

MoriauLe même jour que le paiement de l’indemnité mentionnée ci-dessus, je reçois à part, une somme de 1855,29 €, au titre d’ « indemnité forfaitaire de frais ». Celle-ci est quasiment immunisée fiscalement. Il était frappant de constater que ces « frais » dépassaient largement, à eux seuls, mon salaire net précédent ! Pour information à Patrick Moriau, député depuis 1995 (sic), ces frais lui servent à se trouver un bureau dans sa circonscription, et payer divers dépenses encourues pour assumer sa tâche de représentation. Inutile donc pour lui de squatter, sans payer de loyer, les bureaux des autres niveaux de pouvoir ! Souvenez-vous.

Pour ma part, je rétrocède 95% de ces frais directement à mon parti (soit 1 762,53€). Cet argent sert surtout à Ecolo pour engager des assistants thématiques ou des collaborateurs qui viennent en appui du travail politique en général, et parlementaire en particulier. Ils et elles nous sont d’une aide précieuse pour nous aider dans notre tâche au quotidien. Nous recevons aussi de la part du parti un ordinateur et un téléphone, avec abonnement, de quoi bien travailler. Ces rétrocessions servent aussi à financer les campagnes électorales collectives que nous menons. Un candidat vert ne met pas un € de sa poche pour un tract ou une affiche.

Comme Sénateur, je suis aussi l’employeur de 3 personnes engagées à mi-temps. Je rétrocède à mon parti, deux de ces trois mi-temps, avec le même objectif de mutualisation que celui décrit plus haut. Notez que les parlementaires Ecolo ne cumulent pas ce mandat avec une autre activité professionnelle ou politique, sauf rare dérogation. Il s’agit donc de leur seul et unique salaire. M. Eerdekens ne peut pas en dire autant.

Il existe aussi toute une série d’avantages parlementaires, comme l’usage d’un laisser-passer dans tous les transports en commun belges, ou tous types d’assurances à un tarif réduit.
Rétrocessions Ecolo
Donc, si on fait le calcul, les revenus nets d’un parlementaire « non Ecolo » sont de +/- 3 000 € d’indemnité et +/- 1 900 € de frais, soit un total de +/- 4 900 € nets. Sur cette somme, mes collègues parlementaires Ecolo et moi rétrocédons à notre parti +/- 2 300 € tous les mois. Il s’agit donc de 46%, soit quasiment 50%. Voyez le décompte ici.

Claude Eerdekens a donc tout faux. Mais est-il prêt à faire la même transparence autour de ses revenus d’avocat, de Député, et de Bourgmestre (sic) ? Chiche !