L’éternel conflit israélo-palestinien a connu une nouvelle péripétie ces dernières semaines. J’avoue : je n’ai pas oser écrire sur cette nouvelle guerre en plein coeur de l’offensive, par manque de recul d’abord. Et puis aussi par peur de la polémique, tant les esprits se sont échauffés en Belgique comme partout dans le monde, flot d’images d’horreur à l’appui.

Cette déferlante populaire et médiatique mondiale prouve selon moi une seule et même chose : le règlement définitif, durable et donc équilibré, négocié de ce conflit est devenu une absolue nécessité politique, tant cette guerre cristallise les tensions géopolitiques … universelles. On y reviendra.

Plusieurs réflexions me sont venues à l’esprit durant ces journées d’horreur :

Israël a eu tort d’attaquer Gaza, tuant enfants et simples citoyens sans discernement, en utilisant de surcroît des armes interdites (bombes au phosphore). J’étais de celles et ceux qui un dimanche de janvier ont manifesté pour demander l’arrêt des frappes israéliennes meurtrières sur Gaza. Ecolo s’est clairement exprimé sur le sujet.

Le comble est que l’offensive n’aura évidemment rien réglé des problèmes de sécurité de l’Etat hébreux. Au contraire. La haine née de ces interventions militaires disproportionnées ne fera qu’amplifier le ressenti des populations  palestiniennes, en quête de nouvelle vengeance.

Le Hamas est un parti qui a des objectifs clairement belliqueux, anti-israéliens. Haïssables. Ce qui me frappe, et qui est souvent peu relevé, c’est que ce groupe est aussi pour la population palestinienne une organisation qui a servi de maillage social « de secours » pour ces citoyens littéralement enferrés de Gaza.

Par son travail politique de terrain particulièrement efficace, le Hamas incarne la « solidarité chaude » pour ces Palestiniens humiliés depuis 4 ou 5 générations … et donc radicalisés par le blocus de cette bande de terre minuscule, enclavée, sans avenir économique et politique. N’oublions pas que le Hamas a même gagné les élections, horrible mais vrai.

L’autorité palestinienne toujours située en Cisjordanie est vue par ses citoyens comme corrompue (à juste titre), inefficace et « vendue » à Israël et à l’Occident. Mahmoud Abbas a beau avoir eu le courage de parler, parlementer et négocier avec Israël, il n’a rien obtenu. Rien.

Israël est une démocratie. Personne ne le conteste. Mais même les démocraties peuvent se tromper et partir en guerre, pour de mauvaises raisons (ici, électorales). Les lancers de roquettes palestiniennes sur Sdérot ou d’autres localités du Sud d’Israël, aussi meurtrières et insensées soient-elles, ne cesseront pas parce que des tonnes d’explosifs ont été largués sur Gaza. Au contraire.

Le Hamas – dont j’abhorre les idées et les pratiques – existe toujours, Il contrôle encore la Bande de Gaza. Ses capacités militaires (de guérilla devrait-on dire) ont été affectées, mais sa force, sa légitimité politique et sociale n’en ont été que renforcées. Or, on l’a vu, c’est ce qui compte stratégiquement le plus dans ce conflit : la ferveur d’un peuple fanatisé, embrigadé, au point de commettre des attentats … suicides. La sécurité d’Israël n’est donc  pas plus assurée qu’il y a un mois. Un millier de personnes ont entre-temps trouvé la mort. Pourquoi ?

Le même phénomène de radicalisation est visible chez nous. Les jeunes musulmans de nos villes européennes s’identifient totalement à la cause palestinienne et parfois à ses expressions les plus religieuses, fanatiques.

Lors de la manifestation pro-palestinienne, j’étais plus que mal à l’aise à l’idée de me fondre dans un cortège où sont très sporadiquement apparus à des drapeaux verts du Hamas et, c’est vrai, une dizaine de croix gammées accolées à l’étoile de David. Inacceptable.

Entendre parfois hurler « Allah Akbar » m’était insupportable et j’ai entamé avec certain-e-s de ces manifestant-e-s, un dialogue, vraiment pas évident. Ma conclusion est que je devais quand même être là, pour montrer – avec des milliers d’autres – la solidarité des Européens avec un peuple qui a légitimement droit à son Etat, pas à des bombes. Oui, la haine a entraîné la haine, qui elle même amplifiera la haine. Comment casser cet effet boule de neige ?

(à suivre)