C’est confirmé, et comme je le pressentais ici, l’offensive israélienne n’aura donc pas atteint son but avoué : l’anéantissement des terroristes du Hamas. Alors que deux cessez-le-feu unilatéraux courent toujours, des roquettes palestiniennes ont été tirées de la bande de Gaza vers Israël en ce début de semaine, blessant et terrorisant quantité de civils. Les citoyens israéliens doivent désormais se poser la question : « à quoi a donc servi cette guerre ? ».

L’absurdité de ce constat m’incite à penser que la réponse ne peut être que politique.

Sans Etat palestinien viable, la sécurité d’Israël restera une utopie. Les citoyens israéliens qui se rendent prochainement aux urnes devraient maintenant le comprendre. Les populations palestinienne et israélienne sont inextricablement entremêlées, d’un point de vue géographique, et donc politique. Ce qui est aujourd’hui une source de conflit sanglant pourrait devenir une chance.

Les bouclages des micros zones palestiniennes et la colonisation israélienne sont vécues comme autant d’agressions auxquelles les populations arabes stigmatisées répondent par la lutte politique, devenue pour certain-e-s – de guerre lasse – terroriste. C’est l’arme utilisée par le désespéré, inexcusable, en aucun cas. Alors comment couper sous le pied l’herbe qui fait le foin des islamistes radicaux ?

Comme partout dans le monde, le développement économique, les échanges commerciaux et culturels sont possibles lorsque des structures, une instance, une autorité sont là pour en garantir la sécurité. Lorsqu’une vraie société civile émerge, lorsqu’une police vérifie que les règles fixées en commun sont respectées, lorsqu’on a un boulot, une école, une exploitation agricole, une famille, de vraies raisons de se lever le matin … on ne fait pas la guerre à son voisin, ou à qui que ce soit d’autre. Or, les Palestiniens, et les jeunes en particulier, vivent avec un horizon totalement bouché, et certains s’inscrivent dans une démarche de destruction, tout simplement parce qu’ils n’ont rien à perdre. Rien.

Aujourd’hui, la société palestinienne est en lambeau, et ce qu’il en reste, est cornaqué par les terroristes du Hamas dont les actes d’Israël ne font que – malheureusement – renforcer la légitimité, sociale et politique. Quand tout est détruit autour de vous, la tentation religieuse est forte. Il est alors  utile de donner du sens à toute cette horreur, et la « belle histoire » qu’est la lecture au premier degré des pages du Coran (ou de la Bible …) peut être un palliatif efficace. Là-bas, comme ici.

Or, ce conflit est territorial et politique, pas religieux. Ce sont des Palestiniens qui s’opposent à des Israëliens. Mais nous sommes nous-mêmes tentés par le raccourci simpliste que les fanatiques nous ont inoculé, l’idée que nous faisons face à un conflit islamo-juif.

C’est un constat terriblement cynique, mais qui pourrait s’avérer très efficace : Israël, même s’il le voulait, ne parviendrait pas à détruire, physiquement, ce qui reste de Palestiniens. La démographie galopante, côté arabe, donnera prochainement un poids aux Arabes, y compris en Israël, que peu soupçonnent aujourd’hui. La force militaire ne peut rien face au lien social, à la « solidarité chaude », dans les mosquées de Gaza ou … les zone pachtounes d’Afghanistan.

Tuer le terrorisme demande le courage politique d’assumer réellement la cohabitation de deux Etats, côte à côte, Israël et la Palestine. Les USA, avec l’Europe et leurs partenaires arabes doivent devenir les garants d’une zone de développement économique et culturel où chacun des peuples peut voir son horizon se dégager. Il faut donner une raison au jeune palestinien de se lever le matin, et ainsi enlever dans la tête des parents de Sdérot, cette peur bleue, de voir simplement son enfant partir vers le chemin de l’école.

NB : Vous aviez oublié qu’Obama était pro-Israélien ? On en reparle …