C’est parti, nous sommes entrés dans la dernière ligne droite vers les élections européennes et régionales du 7 juin prochain. Tous les partis, dont le mien, confectionnent leurs listes, et élaborent leur programme. Dans le cas d’Ecolo, ce dernier est lisible en entièreté, ici.

Les sondages extrêmement positifs pleuvent, les uns après les autres, et nous font un bien fou.

Mais les Verts gardent la tête froide. On en a vu d’autres … celles & ceux qui sont depuis un petit temps dans ce parti, savent de quoi je parle.

Je me rappelle des sondages qui au printemps 2003 nous donnaient à 15% (venant de 18% en 1999), et puis en juin vint la débâcle (8%). Mais le contexte a bien changé. Il semble bien plus facile qu’alors d’aller vers les citoyens, leur présenter nos idées. Le temps nous a donné raison. Et l’expérience aussi. Francorchamps (!) et la déficiente gestion interne du parti (horrifiante pour plus d’un observateur, et pas que pour eux), tout ça est bel et bien de l’histoire ancienne. Nous savons qui nous sommes, où nous allons, et pourquoi nous y allons. Nous faisons désormais l’actualité sur nos projets, pas sur nos débats internes. Et c’est bien. Mais une petite voix en moi me rappelle d’où on vient, et me pousse à la plus extrême prudence, parce que franchement, qu’est-ce qu’on a bavé en 2003 et 2004 !

Les citoyen-ne-s qui font les sociétés wallonne et bruxelloise semblent plus que jamais réceptifs à nos propositions. Il ne se passe pas un jour, où dans chaque milieu professionnel, et évidemment dans les médias, la thématique verte en général ne fasse son apparition. Tout le monde en parle.

Dans ce contexte de grave crise économique, l’insolante progression d’Ecolo dans les sondages en laisse d’un plus d’un pantois. En effet, le monde médiatique s’était habitué à une  tendance lourde qu’on peut résumer en une phrase choc, aujourd’hui démentie par les faits : « Ecolo va bien quand l’économie va bien ».

Le récent éditorial de Pierre Bouillon du Soir est exemplatif de cette idée. Les partis verts étant des partis dits « utopistes », les citoyens peuvent s’adonner à ce type vote quand ils n’ont pas d’autres priorités (essentiellement économiques, alimentaires) à remplir. En gros, seules les personnes qui bénéficient d’un relatif confort  matériel peuvent s’adonner à un vote disons « post-matérialiste », un vote de riche pour le dire platement. Cette façon d’analyser le vote vert sous-entend que ce sont massivement les personnes parvenant à se projeter dans un avenir positif (les universalistes, les créatifs culturels) qui votent pour Ecolo, ceux qui sont la dèche votent ailleurs.

S’il n’y a pas pire moment pour se projeter positivement dans l’avenir, d’un point de vue matériel, c’est bien maintenant. Or, les sondages sont bons pour Ecolo et la crise bat son plain, les faillites et le taux de chômage également.

Comme l’écrit  l’éditorialiste du Soir : « dans l’électorat, le statut d’Ecolo aurait changé. Il n’est plus l’alternative utopique. Il est l’alternative. » L’immense travail programmatique, gouvernemental et parlementaire qu’Ecolo mène depuis 10 ans semble porter ses fruits. Comme je vous en parlerai très prochainement, nous avons des propositions pour tous les domaines que le politique est amené à gérer, y compris – bien évidemment – le « new green deal », qui vise à créer une relance verte de notre économie en promouvant tous les aspects du développement durable : santé, fiscalité, enseignement, aide aux personnes, recherche, énergies renouvelables, isolation massive, promotion de toutes les mobilités douces, etc.

C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, en pleine débâcle économique, Ecolo est devenu parfaitement crédible comme challenger des partis traditionnels, emberlificotés dans leurs certitudes productivistes. Chacun, dans ce contexte économique étouffant, a besoin d’air frais et les citoyens ont visiblement trouvé la poignée qui leur ouvre la vitre.

Nous sommes visiblement à l’aube d’une nouvelle période où, d’une façon extraordinairement visible, Ecolo va pourra faire avancer une partie importante de son programme. C’est réjouissant. Mais le militant autrefois meurtri qui partage la vie de ce parti depuis 8 ans n’a pas oublié. Il y a quinze jours, j’ai entendu aux Rencontres du Nouveau Monde, Emeline de Bouver déclarer ceci, qui depuis, tourne en boucle dans ma tête : « il faut être intransigeant sur l’objectif, mais tolérant sur le chemin ».