Hier, je suis allé courir les 5h cuistax d’Oleye, dans l’entité de Waremme. Avec 5 autres sportifs de l’arrondissement Huy-Waremme, dont les candidats écologistes Sandrine Maquinay et Nicolas Parent, nous avons littéralement mouillé notre maillot au sein de l’équipe « écolo j ». Une course de véhicules propres, qui provenaient de surcroi de l’entreprise d’économie sociale liégeoise – Terre – ne peut qu’attirer les écologistes. 

Pourquoi est-ce que je vous parle de ça ?

Oh, tout d’abord parce qu’Oleye est le village natal de mes grands-parents (ils habitent aujourd’hui Waremme). Oleye, c’est là où mon père a passé la plupart des WE de sa jeunesse pour apprendre à moissonner, charruer, bricoler et tout simplement vivre. Waremme, c’est aussi – du point de vue de la sociologie électorale – la caricature du bastion socialiste rural. Et c’était une belle expérience, de voir par le bout de la lorgnette, comment les grands partis traditionnels francophones fonctionnement lorsqu’ils sont en (archi) majorité absolue. Explications.

La course était organisée, comme dans beaucoup de villages, par le comité des fêtes local. Elle était animée par un fringant et dynamique jeune homme, mi-animateur micro, mi-commissaire de course et se trouvait être … l‘échevin des Sports de Waremme, lui-même. Et ça a toute son importance, vous le comprendrez.

Parmi les 26 équipes locales, seuls les partis socialiste et écologiste alignaient des cuistax sur la ligne de départ, au travers de leurs associations de jeunes : MJS et écolo j. Lors de l’ouverture de la course, le premier échevin (un autre), qui est aussi candidat à la Région, a ainsi encouragé tous les coureurs et en particulier … l’équipe socialiste. Lourd.

Tout le long de la course, l’autre échevin (l’animateur) s’est aussi permis une vingtaine de références lourd-ingu-es et microdiffusées à l’équipe rouge, mentionnant tantôt le numéro de la liste que le véhicule des MJS arborait, n’hésitant pas à rappeler par micro aux villageois – blasés – que c’était bien la liste 2 qu’il fallait cocher la semaine prochaine. Du point de vue strictement « sportif », à aucun moment, le cuistax socialiste (qui a fini aux alentours de la 10ème place) n’a été en mesure de ne serait-ce que d’inquiéter son concurrent vert (qui a terminé 4ème, sur 26), mais peu importe, notre animateur s’est fendu de commentaires faisant croire le contraire.

Mais nous n’étions pas au bout de nos surprises. Le règlement était particulièrement strict : aucun autre véhicule que les cuistax concourant ne pouvait utiliser la piste durant les 5h de course. Mais à un moment, l’amuseur-échevin s’est permis de demander à l’assemblée de faire très attention à un objet mobile non identifié : une sorte de cigare cycliste géant et rouge portant en grand le nom de Christophe Collignon, tête de liste PS dans l’arrondissement.

Plus tard, les amies et candidates de notre trublion local, Isabelle Albert ou Anne Ferir, ont été appelées au micro pour faire part de leur simple « plaisir d’être là ». Nos candidats locaux, Christian Noiret et Catherine Wollseifen étaient présents (sans parler de nos candidats coureurs !), ils étaient également sur place, mais n’ont pas eu droit aux mêmes égards.

Ca n’a évidemment aucune importance, c’est une broutille de village, c’est futile, vain, anecdotique, sans aucune conséquence politique. Certes, mais c‘est très symptomatique. Quand vous n’êtes pas de la couleur du parti ultra-dominant, soit vous vous résignez, soit vous entrez en résistance. Et je crois que les excellents sondages actuels (Ecolo est en mesure de dépasser les grands) ont fait l’effet d’un déclic chez de nombreux citoyens, qui enfin sortent du bois : on a ouvert de couvercle de la marmite clientèliste, nous sommes entrés dans une fenêtre démocratique où il apparaît normal de connaître et donc de favoriser une simplealternance !

Ecolo a reçu hier, comme dans beaucoup d’autres endroits de Wallonie et Bruxelles en ce moment, un accueil chaleureux. Nous étions encouragés le long du parcours et de nombreux, jeunes surtout, sont venus nous assurer de leur vote : « pour l’agriculture, parce que vous n’êtes pas pourris, waw vous vous donnez vous ». J’ai l’impression, qui doit se voir concrétisée dans les urnes dimanche, que sans faire aucune promesse intenables, Ecolo est parvenu de fédérer autour de lui des tas de citoyens excédés des pratiques d’un autre âge, dont celles vues à l’oeuvre hier.

En participant à un concours où chacun peut s’inscrire, en suant, en courant et en respectant les règles, nous crédibilisons Ecolo, quand bien même c’est une simple course de village. Si mes amis socialistes se posent des questions quant au ras-le-bol dont ils font l’objet aujourd’hui, qu’ils aillent concourir dans la prochaine course de cuistax de leur région, ils comprendront. Mes amis ne mesurent pas à quel point ces pratiques fatiguent, tout simplement, leurs concitoyens.

Ces socialistes dont je parle plus haut sont bien gentils vous savez, et ils sont considérés en interne comme des … rénovateurs ! Quand on leur a fait remarquer à la buvette leur tendance à faire de l’auto-promo soft et à traiter leurs concitoyens comme de vulgaires clients de supermarché, ils n’ont pas compris : « on a toujours fait comme ça, ce sont des mandataires de la région ».

Dans beaucoup de communes wallonnes, les majorités absolues sont légion, évidemment pour le PS, mais aussi pour le MR et marginalement le cdH. Mais je ne viens pas de ces régions-là, et je peux donc difficilement en parler. Promis, la prochaine fois, je m’en vais faire un tour à Jodoigne ! 

Pour paraphraser Jean-Michel Javaux vendredi dernier en débat télévisé, « ça n’va nin ». Le fait est, qu’hier et à la régulière, Ecolo était devant.