Changer la Ville : Rue Neuve les propositions d'Ecolo pour redonner une dynamique et contribuer à la vitalité du Centre-ville.

Publié le 08/02/12
Rédigé par 
Nicolas Blanchart

Introduction

Artère stratégique de l’hyper-centre,  la rue Neuve donne à beaucoup de Bruxellois et de visiteurs, l’image qu’ils vont retenir de Bruxelles.  Par ailleurs, cette rue est un élément essentiel de la vitalité et de l’attractivité du centre ville.

Le commerce est un secteur important de l’économie bruxelloise, il occupe, beaucoup de  travailleurs bruxellois, peu qualifiés mais souvent obligatoirement bilingues. Le commerce génère presque 15% des emplois et 39 % du chiffre d’affaires de la Région bruxelloise (données PRDD). Il faut protéger et renforcer les noyaux commerciaux existants, surtout du point de vue qualitatif. Particulièrement s’il a une attractivité supra-régionale comme rue Neuve et étendre ses effets bénéfiques  aux axes qui l’entourent.

La rue Neuve est la rue la plus fréquentée et la plus chère de Bruxelles. Elle a une moyenne de 53.000 visiteurs par jour avec des pics à 100.000 (ces données sont disponibles chez Atrium).

Cependant, cette artère est dans un triste état. Sa rénovation a pourtant été réalisée il y a à peine 10 ans. Lorsque les magasins sont fermés, elle donne une mauvaise image : déglinguée et  encombrée de poubelles. Cela génère un  sentiment d’insécurité et donne une mauvaise réputation à la Ville.

La vitalité et l’attractivité du centre ville sont largement dépendantes de l’attractivité commerciale. Pour faire face à de nouvelles concurrences, le centre doit jouer de ses atouts : sa grande accessibilité, son caractère patrimonial, la diversité de son offre commerciale. Pour ces raisons,  Ecolo souhaite s’exprimer sur le nécessaire réaménagement de cette artère ainsi que sur son entretien.

Nous souhaitons également attirer l’attention sur une meilleure gestion énergétique de la part des autorités et des commerçants et faire avancer la rue Neuve vers la « durabilité ».

Divers projets immobiliers et commerciaux pourraient menacer l’attractivité de la rue Neuve. Cela aurait des conséquences sur tout l’hyper centre.  L’étude d’incidence du projet  « Just Under the Sky »  indique, par exemple, que le nouveau projet capterait 7% de la clientèle du City 2. Une étude, réalisée à la demande de la Chambre des Classes Moyennes, a démontré que les centres commerciaux prévus au nord de la ville, UPlace et Heysel, auraient  comme conséquence la perte de clientèle pour quatre noyaux commerciaux bruxellois, dont la rue Neuve.

La Ville de Bruxelles a lancé un « concours d’idées » et inscrivait un montant de 100.000 euros à son budget 2011 pour « définir un projet ». Au budget 2012, ce sont 200.000 euros qui se trouvent engagés pour des études. Des travaux seraient programmés pour 2 million d’euros en 2013 ou mieux en 2014 au plus tôt. Nous voulons contribuer à cette réflexion en mettant l’accent sur la nécessité d’entretenir et de réaménager cette rue stratégique et ses abords.

1. L’appel à idées

La Ville de Bruxelles a lancé un appel à idées pour la rue Neuve. Cet appel a été clôturé le 3 octobre 2011. Ce concours a pour but « de développer l’attractivité » « tout en tenant compte de la volonté de la Ville de réaffecter les étages vides au logement ».

Cette démarche est en réalité un aveu du manque de projet commun de la majorité PS/Cdh de la Ville. Ecolo reste attentif  aux résultats d’un tel concours et espère surtout qu’un projet adapté aux besoins de la ville verra le jour. Dans ce sens, nous voulons aussi apporter nos propositions. Celles-ci s’inspirent d’une conception urbaine durable et de la nécessité de maintenir et de développer la vitalité du centre ville tout en étant très attentif à sa qualité.

2. Diagnostic

2.1. Absence de qualité et d’entretien

L’unité et l’identité de  l’aménagement réalisé il y a dix ans à peine ont été déstructurées par  des réparations successives. Il y a un manque d’unité et une réelle l’absence d’identité de la rue. Il n’y a plus de scénographie, de positionnement, ni de réflexion d’ensemble.

Le déficit d’entretien et de convivialité est catastrophique pour un tel axe commerçant. Il est étonnant que la rue connaisse encore un tel succès dans ces conditions. Les visiteurs y viennent car c’est dans le centre et parce que le centre est bien connecté en termes de mobilité, 70 à  80% des visiteurs viennent en transports en commun.
Ecolo préconise une gestion intégrée incluant les commerçants et l’élaboration d’une  identité.

2.2. Absence de convivialité et sentiment d’insécurité

Certains acheteurs  ne viennent pas ou plus à la rue Neuve à cause de la dégradation de l’ambiance générale de la rue. Celle-ci résulte notamment du manque de convivialité des lieux : manque d’espaces de convivialité, de lieux permettant de s’arrêter et de faire une pause, l’utilisation excessive de matériaux uniquement d’origine minérale, l’absence d’éléments végétaux, absence d’infrastructures permettant de s’asseoir, entretien catastrophique.

L’animation de la rue Neuve a lieu essentiellement  la journée. Le soir, cette rue devient un espace peu avenant, à l’exception de l’opération « after hours »  promue par Atrium. Il est nécessaire de développer une économie nocturne pour animer l’axe en soirée. La nuit, l’animation pourrait se faire via un éclairage adapté de la rue et des étalages (mise en scène de la rue) et en évitant les volets fermés ainsi que par l’installation de nouveaux logements aux étages des commerces.
Ecolo préconise de redonner de la convivialité à la rue Neuve.

2.3. Manque de logements

La rue Neuve est la rue commerçante la plus chère de Belgique. Les commerçants payent  autour de 1300 €/m² de location. Prendre une partie de leur vitrine pour rétablir un accès vers les étages peut s’avérer problématique parce que ce n’est pas très rentable pour eux. La gestion de ces logements peut aussi apparaître à certains comme lourde  parce que ce n’est pas leur métier et les baux commerciaux ne permettent parfois pas de sous-louer. Beaucoup de propriétaires font du placement immobilier, bénéficier de l’argent des loyers a peu d’intérêt pour eux.

L’activation de ces logements demande donc une approche très élaborée, du type de celle qui a été menée par la « Délégation au développement de la Ville » qui se penche sur chaque cas et propose une solution adéquate. Il est utile aussi que les règlements d’urbanisme rendant obligatoire l’occupation des étages pour répondre aux besoins de logement à Bruxelles soient appliqués.

Nous voulons encourager le type d’opération comme celle réalisé sur l’ancien « Sarma », où des logements ont été crées qui offrent un cadre de vie agréable et une grande accessibilité de par leur localisation en plein centre ville.

Ecolo veut  augmenter le nombre de logements rue Neuve en tentant notamment d’établir des accès vers les logements depuis l’intérieur des îlots. Un opérateur « logement » s’occupant de tout de A à Z pourrait être la clef de la réussite dans cette tentative de séduction des propriétaires.

2.4 Accessibilité et places de parking en suffisance

Un des avantages majeurs du commerce dans le centre-ville est son accessibilité par les moyens les moins polluants,  les transports en commun et la marche. Nous voulons atteindre des objectifs de réduction de la pollution et des émissions de CO2 et en ce qui concerne l’accessibilité voiture des commerces, celle-ci rencontre autour de la rue Neuve une offre de places de parking abondante et sous-utilisée. Comme l’indiquent les études réalisées par la Ville pour le Plan Communal de Mobilité, il y a 3185 places de parking autour de la rue Neuve. Ces parkings ne sont occupés en journée qu’à raison de 40 à 60%. Voir annexes 1, 2 et 3.

L’enquête réalisée par l’Observatoire bruxellois du  Commerce en 2007 montre que, contrairement à beaucoup d’idées reçues, la part modale de la voiture est faible « étant donnée que nombre de chalands se rendent dans les commerces parce qu’ils  vivent, travaillent ou étudient à proximité » extrait du PCM. Nous voulons encourager l’utilisation des modes actifs et pour une meilleure utilisation du stationnement existant.
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Part modale pour différents pôles commerciaux.
Source : Schéma de développement commercial pour la région de Bruxelles-Capitale

Mode                                  Rue Neuve

Voiture/Taxi                         25%
Transport Public                 60%
Marche et Vélo                  15%

ECOLO opte pour une meilleure signalisation des parkings et des arrêts de transports publics vers et à partir de la rue Neuve.  Nous voulons également que leurs tarifs et horaires soient mieux adaptés.

2.5 Concurrence des centres commerciaux Bruxellois

Un important développement commercial se profile dans le nord de Bruxelles : U-Place à Machelen, Neo sur le plateau du Heysel ou Just Under the Sky près du pont Van Praet, pour ne citer que les plus importants. Cela fait près de 100 000 m2 annoncés. Au centre-ville, il est prévu de reconfigurer l’immeuble Anspach (ancienne poste) situé en face de la Monnaie en nouveau centre commercial sur deux étages.

Comme dans d’autres villes européennes, le secteur immobilier développe actuellement une stratégie de promotion  des centres commerciaux et cela dans un contexte économique où l’évolution de la consommation est incertaine.  Mais la logique immobilière fait que pour le moment ce sont les projets commerciaux qui mobilisent le secteur.
Le commerce du centre ville et en particulier celui de la rue Neuve doit faire l’objet d’attention supplémentaire. Les investissements doivent être réalisés pour permettre à celui-ci de faire face au développement d’autres pôles commerciaux.
Dans une situation de crise économique et avec un taux de chômage autour de 20% dans la Région, le secteur commercial est important pour la Ville.

Cette remarque vaut également pour d’autres artères commerciales qui nécessitent également une attention particulière, telle la rue Marie-Christine à Laeken.

ECOLO veut la valorisation de la rue Neuve
puisque c’est l’image même de la Ville qui est en jeu, ainsi que la vitalité de celle-ci.

3. Changer la Ville : faire de la rue Neuve un quartier en marche vers le durable : vivante, habitée, agréable, attrayante et  de qualité : les 7 propositions d’ECOLO

→ Donner une image forte de la Rue Neuve qui lui donne une véritable identité, une personnalité qui se marque par les caractéristiques de la rue: mise en valeur des façades remarquables, revêtement et mobilier urbain de qualité, très résistant et d’entretien aisé ;  éclairage qualitatif et scénographique, de la rue et des rues perpendiculaires, ce qui suppose la réalisation d’un Plan Lumière ; services divers (poubelles, fontaine d’eau potable, bornes interactives). Nous préconisons d’élaborer des recommandations urbanistiques de manière à traiter les enseignes, les ouvertures des magasins, les façades d’une manière cohérente et mettant en valeur le caractère de la rue et lui donnant également une identité et l’orientant vers des choix plus économes en énergie.

→ Une gestion intégrée de la rue Neuve. La Ville et l’association des Commerçants associées à Atrium doivent mettre en œuvre une stratégie de « bonne gestion » permanente, notamment pour mieux prévenir et remédier immédiatement à tout dégât dû au vandalisme.
Nous proposons  de mettre en place une forme « d’intendance » de la rue Neuve, avec nettoyages quotidiens, même le soir et le WE, équipe de détaggage, etc., ainsi que d’agents de prévention de manière à générer un fort sentiment de ville agréable et de lieu réellement convivial.

Créer des espaces de respiration et amélioration de la convivialité : avec l’installation par exemple de chaises que l’on peut déplacer, de plantations, en tout les cas Place du Finistère, une verdurisation éventuelle des façades, des poubelles pour améliorer la propreté, un éclairage valorisant la rue et lui donnant une ambiance urbaine de qualité. Il s’agit véritablement de requalifier l’espace public.

Une attention particulière devra aussi être portée aux rues avoisinantes et perpendiculaires devant accueillir des commerces et des services qui ne se retrouvent pas sur la rue elle-même: cafés, restaurants, commerces spécialisés. Ces rues sont à réaménager complètement. Ce travail de réfection de la rue Neuve et des rues perpendiculaires doit se faire avec des matériaux de qualité et garantir l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite.

Relier la rue Neuve au Centre Anspach, à la  Place de la Monnaie et à la future Place Rogier  et en faire un axe dynamisant du quartier: Le nouveau centre commercial de la Place de la Monnaie  doit  prévoir une ouverture vers la rue Neuve d’autant que l’accès au métro et au pré- métro de Brouckère,  permet une grande accessibilité. Dans le même esprit il est important d’améliorer l’accès à la station Rogier, vers la rue Neuve. Il s’agit de récréer un véritable espace public structurant et ouvert dans ce quartier  de l’hyper-centre.

Poursuivre et approfondir de manière importante la politique d’occupation des étages au-dessus des commerces. En tenant compte des prix pratiqués dans la rue Neuve, une attention particulière doit être octroyée aux règlements d’urbanisme et à la possibilité de garantir l’accès via l’arrière des bâtiments ou de toute autre manière qui permette d’accéder aux étages sans réduire les vitrines. La mise en place d’un opérateur clef sur porte devrait être envisagée. L’habitabilité de la ville répond à la fois à une conception durable de la ville et aussi au besoin de logement que se fait sentir à Bruxelles.

Améliorer la signalétique pour les parkings publics qui desservent les alentours de la rue Neuve, cela doit consister en une signalisation dynamique avec par exemple l’indication des places disponibles en temps réel.

Organiser structurellement des procédures d’information et de participation des associations des commerçants, des habitants et de leurs associations.

4. Projet de couverture de la rue Neuve

En mars 2010, les milieux patronaux bruxellois, Beci et le Voka ont lancé l’idée relayée par l’échevin Philippe Close de recouvrir la rue Neuve d’une verrière.

Les projets de couverture réalisés dans d’autres villes  ont eu de manière globale un impact négatif tant au point de vue commercial qu’en terme de qualité de vie. Une seule réussite peut être pointée à Leeds (Angleterre) mais le contexte est fort différent. En effet, il s’agit d’une rue commerçante de très haut standing présentant une grande uniformité en termes d’architecture (immeubles victoriens). Le tout a été réalisé avec des moyens très importants. En comparaison, le projet bruxellois est de faible qualité et la rue Neuve ne s’adresse pas au même commerce de luxe que celui de l’exemple.

Ce projet de couverture s’apparente en un sens à un emprunt des techniques urbanistiques du shopping-center. Or la rue commerçante concentre des atouts remarquables en soi. Elle concentre effectivement une urbanité qui est aujourd’hui de plus en plus précieuse : animation de l’espace public, contrôle social, rencontre de l’altérité, maintien d’une certaine diversité commerciale par une diversité des tailles des commerces, garantie urbaine d’une mobilité raisonnée. Et cela fonctionne d’autant mieux lorsque des garanties sont trouvées pour que les logements au-dessus des commerces vivent. Nous avons l’exemple de Maastricht où dans beaucoup de rues hyper commerçantes l’accès aux immeubles se fait par des coursives en intérieurs d’îlots accessibles par un système de passages mutualisés entre les immeubles et de digicodes.

Il est primordial de se remémorer que le public va dans une rue commerçante aussi parce qu’il s’agit d’une rue commerçante et non d’un shopping-center… Le centre-ville remplit d’autres fonctions que le développement commercial : social, politique, image, identité, tourisme …

En outre, des problèmes liés à cette couverture peuvent d’ores et déjà être soulevés:
•    Coût d’entretien et de nettoyage de cette verrière ;
•    Perte de lumière (augmentation des frais liés à l’éclairage,…) ;
•    Impact thermique de la couverture en été ;
•    Perte de visibilité des immeubles de qualité architecturale (ancien cinéma Eldorado, Eglise, maisons à pignon,…);
•    Difficultés de mise en œuvre liées à la disparité des gabarits des bâtiments situés de part et d’autre de la rue.
•    Vieillissement rapide de ce type de structure.

Les arguments développés en faveur du projet de couverture comme l’augmentation jusqu’à 50% de visiteurs ou une hausse en termes de création d’emploi ne reposent à ce stade sur aucune base. D’ailleurs le gabarit de la rue ne permet pas d’envisager cette augmentation de la fréquentation.

Marie Nagy

Chef de groupe Ecolo au Conseil communal de la Ville: 0475 317 107

Députée Régionale

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