Une nouvelle et probable future banque éthique fait le buzz en ce moment : NewB. Le monde syndical et associatif belge, ainsi que des dizaines de milliers de coopérants individuels s’associent pour mettre sur pied dans les mois qui viennent un nouvel établissent bancaire qui collectera l’épargne des individus pour la réinvestir dans des projets économiques concrets, l’économie réelle et éthique, et non pas dans la finance débridée et spéculative.

Le hasard faisait qu’aujourd’hui, en commission Finances du Sénat, le Gouverneur de la Banque Nationale (Luc Coene) était entendu avec son collègue Président de la FSMA (Jean-Paul Servais) sur les nouvelles mesures réglementaires belges prises suite aux crises bancaires et financières catastrophiques de 2008. Cette crise a créé une méfiance légitime à l’égard des banques classiques, ce qui a justifié la mise en œuvre d’une législation plus contraignante dont on évaluait les premiers effets ce matin.

J’ai ai profité pour poser la question de la mise en œuvre rapide de la séparation des métiers bancaires : d’une part les banques de détail et d’autre part les banques d’investissement (à vocation spéculative). Cette séparation avait été l’une des principales mesures prises après la crise boursière de 1929, et qui avait montré son efficacité. En effet, l’épargne du citoyen lambda n’est ainsi plus mélangée à des fonds spéculatifs particulièrement risqués et qui ont montré leur toxicité pour notre économie et donc la société. Luc Coene s’y est montré opposé pour une question de spécificité su marché belge.

Mais j’ai aussi demandé à Luc Coene ce qu’il pensait de la probable future banque d’épargne citoyenne et éthique NewB… dont un jour il contrôlera peut-être l’activité. Son avis est plutôt négatif.

Pour lui, tout acteur, y compris coopératif, peut venir sur le marché belge mais il s’interroge sur la façon dont cette nouvelle banque va parvenir à attirer le client. Pour lui, ses nouveaux clients ne peuvent provenir que de l’épargne déjà placée ailleurs, dans une autre banque belge (ou filiale belge d’une banque étrangère). Pour le directeur de la BNB, il est difficile d’attirer des nouveaux clients autrement qu’en proposant des rémunérations attractives (taux d’intérêt). Il estime que le marché bancaire en matière de collecte de l’épargne est en Belgique ultra-concurrentiel où il y a une « excédent d’offres ». Comme éventuel futur contrôleur, il sera attentif au « niveau de capital » et au « business model » de cette probable future banque coopérative. Pour Luc Coene, « penser qu’un nouveau marché est à prendre ne correspond pas à la situation réelle ».

L’enseignement est donc que pour le directeur de la BNB, un client ne peut aller vers une banque différente, strictement pour une question d’intérêt financier à court terme et non pour le projet que représente cette banque : éthique, investissement dans les énergies renouvelables, la culture, les solidarités, la consommation ou la construction durable.

Luc Coene ne pense pas qu’on peut construire une banque sur base d’un « sursaut moral » des citoyens. A nous, futurs coopérateurs, de lui montrer qu’il a tort. On se retrousse les manches !