TTIP (5)
Les nĂ©gociations pour la conclusion d’un accord commercial transatlantique continuent, mĂȘme si les oppositions citoyennes sont de plus en plus forte. Cette mobilisation a fait “bouger les lignes” dans les partis politiques belges francophones. Aujourd’hui, lors des trĂšs nombreux Ă©vĂ©nements et dĂ©bats auxquels je participe un peu partout en Wallonie et Ă Bruxelles, PS et cdH osent enfin demander la suspension des nĂ©gociations en cours (le MR reste en faveur des nĂ©gociations). C’est un revirement notable des socialistes et humanistes car le 14 juin 2013, le Gouvernement D’Elio Di Rupo (dont JoĂ«lle Milquet Ă©tait Vice-PremiĂšre) donnait mandat à la Commission europĂ©enne pour nĂ©gocier ce TTIP.
Dans ce mandat se trouvait cette fameuse clause ISDS. Cette clause inquiĂšte, Ă juste titre, ce qui a poussĂ© Cecilia Malmström (la commissaire europĂ©enne au Commerce) Ă proposer un ISDS new style pour faire diversion. Donc, si les nĂ©gociations du TTIP devaient aboutir, c’est tout autre chose que des tribunaux arbitraux privĂ©s qui rĂ©gleraient les litiges entre investisseurs et Etats. On sait que c’est de la poudre aux yeux, mais soit.
Or, il existe bien une clause ISDS old style dans le traitĂ© que l’Union europĂ©enne vient de nĂ©gocier avec le Canada (CETA). On sait que beaucoup de sociĂ©tĂ©s multinationales amĂ©ricaines ont des filiales dans ce pays. Ces filiales leur permettraient ainsi mobiliser les clauses ISDS du CETA pour attaquer des Etats europĂ©ens qui, par leurs lĂ©gislations protectrices de la santĂ©, de la protection sociale ou de l’environnement de leurs citoyens, contreviendraient Ă leurs intĂ©rĂȘts financiers. Le CETA est le cheval de Troie du TTIP.
Ce CETA est nĂ©gociĂ©, mais pas encore signĂ© ! La Belgique, comme les 27 autres Etats membres de l’Union, devra formellement apposer la signature de son Ministre des Affaires Ă©trangĂšres au bas du document. C’est pour bientĂŽt. Pour pouvoir signer au nom de l’Etat fĂ©dĂ©ral , mais aussi des entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es belges (rappelez-vous), Didier Reynders aura besoin du “ius tractati” des RĂ©gions et des CommunautĂ©s, puisque c’est un traitĂ© mixte. Les Gouvernements wallon et bruxellois (composĂ©s de ministres PS et cdH) peuvent refuser de donner mandat au Gouvernement fĂ©dĂ©ral, compte tenu de leur opposition politique Ă ce mĂ©canisme arbitral dĂ©lĂ©tĂšre !
Hier, je participais Ă un dĂ©bat sur le TTIP organisĂ© par le Conseil communal de Huy. A cette occasion le dĂ©putĂ© europĂ©en Marc Tarabella a rĂ©pondu ceci Ă mon invitation Ă refuser d’octroyer ce mandat que c‘est au Parlement europĂ©en de s’opposer au CETA, pas Ă la seule Wallonie. Il a avancĂ© comme argument que si la Wallonie seule empĂȘchait la signature du CETA, “la RĂ©gion subirait les foudres des AmĂ©ricains (sic), qui se vengeraient contre les Wallons en se dĂ©sinvestissant de lĂ oĂč ils sont dĂ©jĂ . Or la Wallonie a besoin de ces investissements pour se redresser Ă©conomiquement.”
Bon, je sais pas vous, mais lĂ tout Ă coup, j’ai un doute.