TTIP (5)

Publié le 29/09/15
RĂ©digĂ© par 
Jeremie Spinazze

Les nĂ©gociations pour la conclusion d’un accord commercial transatlantique continuent, mĂȘme si les oppositions citoyennes sont de plus en plus forte. Cette mobilisation a fait “bouger les lignes” dans les partis politiques belges francophones. Aujourd’hui, lors des trĂšs nombreux Ă©vĂ©nements et dĂ©bats auxquels je participe un peu partout en Wallonie et Ă  Bruxelles, PS et cdH osent enfin demander la suspension des nĂ©gociations en cours (le MR reste en faveur des nĂ©gociations). C’est un revirement notable des socialistes et humanistes car le 14 juin 2013, le Gouvernement D’Elio Di Rupo (dont JoĂ«lle Milquet Ă©tait Vice-PremiĂšre) donnait mandat à la Commission europĂ©enne pour nĂ©gocier ce TTIP.

Dans ce mandat se trouvait cette fameuse clause ISDS. Cette clause inquiĂšte, Ă  juste titre, ce qui a poussĂ© Cecilia Malmström (la commissaire europĂ©enne au Commerce) Ă  proposer un ISDS new style pour faire diversion. Donc, si les nĂ©gociations du TTIP devaient aboutir, c’est tout autre chose que des tribunaux arbitraux privĂ©s qui rĂ©gleraient les litiges entre investisseurs et Etats. On sait que c’est de la poudre aux yeux, mais soit.

Or, il existe bien une clause ISDS old style dans le traitĂ© que l’Union europĂ©enne vient de nĂ©gocier avec le Canada (CETA). On sait que beaucoup de sociĂ©tĂ©s multinationales amĂ©ricaines ont des filiales dans ce pays. Ces filiales leur permettraient ainsi mobiliser les clauses ISDS du CETA pour attaquer des Etats europĂ©ens qui, par leurs lĂ©gislations protectrices de la santĂ©, de la protection sociale ou de l’environnement de leurs citoyens, contreviendraient Ă  leurs intĂ©rĂȘts financiers. Le CETA est le cheval de Troie du TTIP.

Ce CETA est nĂ©gociĂ©, mais pas encore signĂ© ! La Belgique, comme les 27 autres Etats membres de l’Union, devra formellement apposer la signature de son Ministre des Affaires Ă©trangĂšres au bas du document. C’est pour bientĂŽt. Pour pouvoir signer au nom de l’Etat fĂ©dĂ©ral , mais aussi des entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es belges (rappelez-vous), Didier Reynders aura besoin du “ius tractati” des RĂ©gions et des CommunautĂ©s, puisque c’est un traitĂ© mixte. Les Gouvernements wallon et bruxellois (composĂ©s de ministres PS et cdH) peuvent refuser de donner mandat au Gouvernement fĂ©dĂ©ral, compte tenu de leur opposition politique Ă  ce mĂ©canisme arbitral dĂ©lĂ©tĂšre !

Hier, je participais Ă  un dĂ©bat sur le TTIP organisĂ© par le Conseil communal de Huy. A cette occasion le dĂ©putĂ© europĂ©en Marc Tarabella a rĂ©pondu ceci Ă  mon invitation Ă  refuser d’octroyer ce mandat que c‘est au Parlement europĂ©en de s’opposer au CETA, pas Ă  la seule Wallonie. Il a avancĂ© comme argument que si la Wallonie seule empĂȘchait la signature du CETA, “la RĂ©gion subirait les foudres des AmĂ©ricains (sic), qui se vengeraient contre les Wallons en se dĂ©sinvestissant de lĂ  oĂč ils sont dĂ©jĂ . Or la Wallonie a besoin de ces investissements pour se redresser Ă©conomiquement.”

Bon, je sais pas vous, mais lĂ  tout Ă  coup, j’ai un doute.

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