Arithmétique

Publié le 25/09/07
Rédigé par 
Jeremie Spinazze


Depuis les élections régionales de 2003, un phénomène particulièrement frappant a pris place sur l’échiquier électoral belge en général et celui de Bruxelles en particulier.

Bruxelles est une grande ville multiculturelle, réceptacle depuis toujours de vagues d’immigration successives, ce qui a donné à ma ville cet aspect bigarré avec – entre autre – ses importantes communautés marocaine, africaine et turque.

La richesse sociologique de la région bruxelloise a un impact sur la vie politique de la capitale et au-delà. Ecolo, depuis son existence, a veillé à ce que son personnel politique, tout comme pour la question de l’égalité femme-homme, soit représentatif de la société telle qu’elle est. C’est la raison pour laquelle Ecolo fut dès les années 1990 le fer de lance de cette avancée démocratique fondamentale qu’est l’octroi du droit de vote aux étrangers aux élections communales. Et nous aimerions aller plus loin en cette matière.

Vers 2003, les partis traditionnels ont enfin compris que les personnes d’origine étrangère sont des citoyens comme les autres, avec les mêmes devoirs et les mêmes droits citoyens que les Belges. PS, cdH et MR ont ainsi dragué les communautés étrangères présentes sur le territoire bruxellois en octroyant à certain-e-s candidat-e-s autoproclamé-e-s représentant-e-s de leur communauté des places peu ou pas visibles sur leurs listes régionales. Ecolo, depuis les années 90, avait de nombreux candidats d’origine étrangère sur ses listes …

Le succès étant au RDV pour le PS en 2003, énormément de candidats d’origine étrangère ont atteint un nombre suffisant de voix pour siéger, et c’est très heureux. Mais que se passe-t-il lorsque ce parti perd largement les élections, comme en 2007 ? Et bien, le résultat est frappant, aucune personne d’origine étrangère ne siège au parlement fédéral côté francophone, sauf Fouad Lahssaini pour Ecolo.

Pourquoi ? Parce que pour un parti traditionnel, la personne d’origine étrangère est d’abord un attrape-voix, généralement placé en milieu ou en fin de liste, où la personne doit faire ses propres voix pour être élue. En période de croissance électorale, ça passe. En cas de ressac, ça casse. Et en 2007, ça a cassé. Pas un-e seul-e élu-e cdH, PS ou MR à la Chambre n’est d’origine étrangère.

Pour Ecolo, le ou la candidat-e-s d’origine étrangère, choisi-e pour figurer sur une liste électorale par les membres, l’est parce qu’il ou elle est avant tout écologiste, au-delà de ses origines.

Notre député fédéral, Fouad Lahssaini, était à la deuxième place effective sur la liste Chambre d’Ecolo. Il a été démocratiquement choisi à cette place au terme d’un débat interne et d’un vote. Aux élections fédérales de 2003, où Ecolo avait fait un score médiocre, nous avions déjà deux députées fédérales à Bruxelles. En choisissant de proposer Fouad en deuxième position, Ecolo lui donnait l’assurance de siéger au Parlement fédéral.

Je suis très fier d’appartenir à un parti qui a au final, au sein de son groupe à la Chambre, le seul député francophone d’origine marocaine, élu directement, parce qu’il était à une place stratégique et visible qui lui a été donnée avant tout parce qu’il a été estimé compétent, légitime, écologiste et progressiste. C’est ça l’intégration.

Si ces questions vous intéressent, surfez vite sur le blog Humeurs allochtones du journaliste Mehmet Koksal.

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