James Bondeke (1)
Le Ministre Reynders vient de confirmer que le dĂ©partement des Affaires Ă©trangĂšres a bien Ă©tĂ© victime en 2011 de pirates informatiques qui avaient installĂ© un logiciel espion sur ses serveurs. Cette affaire d’espionnage de nos diplomates intervient alors qu’une succession d’autres affaires du mĂȘme type sur lesquelles je reviendrai plus tard Ă©closent chaque jour depuis une semaine. Didier Reynders a ainsi dĂ©clarĂ© depuis New-York aujourd’hui :
« Nous avons pris les mesures pour remĂ©dier Ă cette situation en collaboration avec la DĂ©fense. C’est Ă la DĂ©fense que l’on dispose des meilleures mĂ©thodes pour lutter contre ce genre de pratiques. »
Ah bon ? Le 5 aoĂ»t dernier, le magazine MO* interrogeait le GĂ©nĂ©ral Eddy Testelmans en charge du Service gĂ©nĂ©ral du Renseignement et de la SĂ©curitĂ© (SGRS) de l’armĂ©e belge.
Dans son interview, celui-ci a expliquĂ© qu’Ă l’occasion d’un entretien des serveurs Ă la fin de l’annĂ©e derniĂšre, les techniciens du SGRS ont dĂ©couvert un logiciel-espion extrĂȘmement violent d’une complexitĂ© telle que les ressources propres de l’armĂ©e ne suffisaient pas pour l’Ă©radiquer. C’est ainsi que lâĂ©tat-major a fait appel dĂ©but 2013 aux compĂ©tences du â je cite – « grand frĂšre » amĂ©ricain : la NSA !
Le GĂ©nĂ©ral Testelmans explique d’ailleurs Ă MO* qu’au-delĂ de coups de main ponctuels, des experts du SGRS et de la NSA se rencontrent plusieurs fois par an pour « parler technologie et Ă©changer des informations ». Il s’est mĂȘme rendu lui-mĂȘme voici quelques semaines au quartier-gĂ©nĂ©ral du Cyber Command de la NSA, dont la capacitĂ© d’action â dit-il – « fait rĂȘver ».
Le SGRS sur lequel s’est benoĂźtement reposĂ© Didier Reynders pour rĂ©gler ses problĂšmes de virus n’a donc absolument pas les compĂ©tences internes suffisantes pour faire face Ă une cyberattaque chez lui-mĂȘme ou qui que ce soit d’autre, de lâaveu mĂȘme de son officier dirigeant ! Plus grave, notre cybersĂ©curitĂ© semble donc totalement au main de l’agence de sĂ©curitĂ© amĂ©ricaine, dont on connaĂźt les buts et mĂ©thodes dĂ©plorables depuis l’Ă©clatement de l’affaire Snowden.
Il est grand temps que la Belgique, avec ses alliĂ©s europĂ©ens, se dote de moyens techniques propres, basĂ©s sur les logiciels libres et oĂč des prestataires de service belges prennent en main notre cybersĂ©curitĂ©.