Mensonges & sécurité

Publié le 06/05/15
Rédigé par 
Jeremie Spinazze

Dans une interview donnée en août 2013 au Magazine *MO, le chef des renseignements militaires le Général Testelmans avait déclaré que trois attentats avaient pu être déjoués sur le sol belge, grâce à des informations obtenues via le logiciel controversé PRISM et transmises par la NSA au SGRS. Il a même déclaré : «  Si la NSA ne nous avait pas relayé l’info, nous n’en aurions rien su ». Le chef des renseignements militaires justifiait ainsi la collaboration structurelle que son service entretient avec l’agence de sécurité américaine, quand bien même les méthodes intrusives et irrespectueuses de la vie privée de la NSA sont connues depuis les révélations du donneur d’alerte Snowden.

Or, la presse a révélé aujourd’hui le contenu d’un rapport du Comité R relatif à cette affaire. Il y apparaît clairement qu’à la question du comité de contrôle des services de renseignements à ce sujet, le SGRS a répondu que les informations que leur avait transmises la NSA n’avaient pas permis de « déjouer trois attentats », mais que ces données avaient au mieux contribué à éclairer un seul dossier concernant des faits de terrorisme.

Il est donc avéré que le Général Testelmans a menti. Il est venu au secours de son partenaire américain en justifiant ses méthodes contestables de surveillance généralisée, en pleine affaire Snowden, en déformant la réalité et en mobilisant de faux arguments sécuritaires.

(c) Das Leben der Anderen

Je viens de déposer une question au Ministre de la Défense car cette affaire est révélatrice de beaucoup de choses. On sait depuis longtemps que le SGRS entretient des liens incestueux avec la NSA. On connaît les velléités de l’armée de copier les techniques de surveillance généralisée des Anglo-saxons. Les services de renseignement sont très encadrés en Belgique, mais les militaires essaient de passer d’un paradigme de contrôle ciblé (mise sur écoute de quelques-uns) à celui de la surveillance généralisée (recueil des données sur tous). Ceci bien sûr au nom de l’efficacité et de la sécurité.

L’affaire en cause ici démontre deux choses : le général Testelmans ne s’encombrera pas de la vérité s’il s’agit de pousser son agenda politique. De plus, la surveillance généralisée n’a pas permis de déjouer des attentats, de l’aveu même de ceux qui la défendent. Par contre, l’affaire de Verviers a montré que la Sûreté de l’Etat, avec ses méthodes  légales et démocratiquement encadrées, permettait d’empêcher le pire.

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