20%

Publié le 09/01/08
RĂ©digĂ© par 
Jeremie Spinazze

Guy Verhohstadt a Ă©crit lundi dernier Ă  la Commission europĂ©enne pour demander que les objectifs que cette derniĂšre a fixĂ©s Ă  la Belgique en matiĂšre d’Ă©nergie renouvelable soient revus Ă  la baisse !

En effet, la Commission europĂ©enne pense fixer Ă  notre Etat un objectif de 12 Ă  13% d’Ă©nergie renouvelable Ă  atteindre Ă  l’horizon 2020. Pour mĂ©moire, la production d’Ă©nergie renouvelable belge Ă©tait de 2,5% en 2005 !

En mars 2007, les Vingt-sept Etats europĂ©ens avaient dĂ©cidĂ© en Sommet europĂ©en de rĂ©duire collectivement leurs Ă©missions de CO2 de 20 % d’ici 2020 et de porter Ă  20 % la part des Ă©nergies renouvelables au sein de la consommation Ă©nergĂ©tique europĂ©enne dans son ensemble. C’est un objectif au fond assez modeste. Mais soit, c’Ă©tait mieux que rien.

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont demandĂ© Ă  la Commission europĂ©enne de rĂ©partir ce double objectif commun entre entre eux de façon « diffĂ©renciĂ©e, Ă©quitable et transparente » en  tenant compte des particularitĂ©s de chacun.

La Commission voudrait imposer Ă  chacun des Etats europĂ©ens une augmentation linĂ©aire de sa production d’énergie verte de 5,75 % Ă  l’horizon 2020. Cette augmentation dĂ©pend Ă©galement du PIB/habitant, ceci afin d’aider les Etats les moins riches dans leur transition Ă©cologique.

Le « nouveau » Premier ministre belge du gouvernement PS / MR / cdH / VLD / CD&V a donc sollicitĂ© un rendez-vous avec JosĂ©-Emmanuel Barroso pour aborder cette « problĂ©matique » ainsi que celle des quotas de CO2. On peut ĂȘtre sĂ»r que le chef du gouvernement parlera aussi des quotas de CO2 belges, sujet actuellement au centre des dĂ©bats wallons concernant le haut-fourneau d’Arcelor-Mittal Ă  Seraing.

Ces deux démarches sont selon moi un non sens économique à long terme.

Sous la pression du lobby nuclĂ©aire (dont la FEB s’est visiblement fait le porte-parole), un certain nombres d’hommes et de femmes politiques sont soumise-s Ă  d’importantes pressions pour faire passer l ‘idĂ©e que l’Ă©nergie nuclĂ©aire est indispensable. Cette fois, ils et elles vont mĂȘme plus loin, puisqu’ils hurlent partout oĂč se tend un micro que l’objectif minimaliste de la Commission europĂ©enne en matiĂšre de renouvelable est « irrĂ©aliste ».

Le but est clair : obtenir une prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires belges pour maximiser les profits de Suez-Electrabel actuellement en position ultra-dominante sur le marché en Belgique.

En agissant comme Verhofstadt, les partis traditionnels ne se contentent donc pas de favoriser (durablement) les intĂ©rĂȘt de Suez-Electrabel, mais tuent dans l’oeuf le magnifique appel d’air Ă©conomique que reprĂ©sentent les normes europĂ©ennes contraignantes en matiĂšre d’Ă©nergie renouvelable. En effet, si l’on sait qu’Ă  l’horizon 2020 on est obligĂ©s de produire 20% de renouvelable europĂ©en, autant dire que ce secteur devra connaĂźtre un boum sans prĂ©cĂ©dent !

Les Ă©oliennes, la cogĂ©nĂ©ration, la biomasse et toutes les autres façon de crĂ©er de l’Ă©nergie verte ne sont pas des rĂȘves mais des techniques Ă©culĂ©es, efficaces et dĂ©jĂ  rentables. Les partis traditionnels veulent en empĂȘcher l’Ă©closion Ă©conomique. En attendant, ils vont rouvrir un haut-fourneau wallon, pour quelques mois … et quelques millions d’euros.

Pffffff.


Mise Ă  jour au 11/01/2008 :

Voici un film de Greenpeace UK sur le nuclĂ©aire … il explique  pourquoi cette Ă©nergie dĂ©passĂ©e n’est pas la solution pour lutter efficacement contre les changements climatiques.

Il appellent ça The Convinient Solution :


Mise Ă  jour du 12/01/2008 :

Jean-Pierre Hanssen, patron d’Electrabel, vient d’annoncer qu’il envisageait un blocage des prix de l’Ă©lectricitĂ© et du gaz pour ses clients  … sauf augmentation trop forte du prix du pĂ©trole.

Pour rappel, celles et ceux qui promeuvent la prolongation de la vie des rĂ©acteurs nuclĂ©aires belges avancent comme arguments que le nuclĂ©aire nous rend indĂ©pendants du pĂ©trole et permet de garantir des prix bas pour l’Ă©lectricitĂ©.

PrĂšs de 80% de l’Ă©lectricitĂ© belge est produite par l’atome actuellement … et entre 2006 et 2007, le prix Electrabel de l’Ă©lectricitĂ© a augmentĂ© de 11% ! Avec une telle proportion d’Ă©nergie nuclĂ©aire, prĂ©tendument si « bon marché », pourquoi les prix doivent-ils suivre le cours du pĂ©trole ?

C’est trĂšs clair, Electrabel-Suez (donc aussi l’Etat Français) a augmentĂ© ses prix de façon injustifiĂ©e, au dĂ©triment de la sĂ©curitĂ©, de la santĂ© et des finances des citoyens / consommateurs belges.


Mise Ă  jour au 24/01/2008 :

Paul Magnette (PS) et Guy Verhofstadt (Open VLD) se disent finalement satisfaits des normes imposĂ©es hier par la Commission europĂ©ennes, alors que l’on sait qu’un lobbying trĂšs intense a Ă©tĂ© opĂ©rĂ© par le gouvernement belge pour faire baisser ces exigences europĂ©ennes … Soit.

L’Allemagne vient quant Ă  elle de dĂ©cider un objectif de rĂ©duction d’Ă©missions de CO2 ambiteux de 40%. C’est bien de se rĂ©jouir d’objectifs que les autres vous fixent en environnement (le cas du gouvernement belge), c’est mieux de prendre les choses en main et d’aller plus loin dans la construction de l’Ă©conomie et des emplois verts du futur (la dĂ©cision du gouvernement allemand). Ce sont pourtant tous deux, des gouvernements de trĂšs grande coalition (sans verts).

En quelques mois, notre actuel  “ministre du Climat” a appuyĂ© ses collĂšgues du gouvernement wallon dans la dĂ©cision de crĂ©er de nouvelles autoroutes, a achetĂ© 8 voitures (dites “propres”) pour son cabinet au salon de l’auto, a participĂ© Ă  l’inauguration d’un aĂ©roport low cost Ă  Charleroi et a mené un intense travail de lobbying pour trouver des quotas de CO2 pour rĂ©ouvrir les industries passĂ©istes de Mittal Ă  OugrĂ©e.

Il doit ĂȘtre content que la Commission europĂ©enne, pour ses dossiers, prenne les dĂ©cisions courageuses et contraignantes à sa place.

Regardez cette video de Jean-Claude Marcourt, à pleurer (de rire) :

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