On a un gouvernement fédéral intérimaire, Verhofstadt III. Composé de « gens de qualité », capables de répondre aux « vrais problèmes des gens », nos « concitoyens »,  prêts (?) à croire que ce gouvernement « lilas » aura une forte « empreinte sociale ».

Le nouvel exécutif fédéral intérimaire sera composé de 14 ministres issus du CD&V, du cdH, du MR, de l’Open VLD et du PS. Cela fait 3 jours que ces partis traditionnels parlent de postes ministériels et d’ordre de préséance. Ils ont du se mettre d’accord sur ça, plutôt que sur un programme ou des objectifs politiques. Ca pose de nombreuses questions, liées à ce qui est appelé pompeusement la gouvernance, c’est-à-dire la façon de gérer, la façon de faire de la politique.

Comment peut-on envisager un gouvernement de 3 mois (!) ? Pourquoi des partis qui ont (très largement) perdu les élections se retrouvent dans un gouvernement (fût-il transitoire) ? Pourquoi  les ennemis d’hier sont-ils sortis avec des déclarations matamoresques et communautaires pour finir dans la même coalition ? Pourquoi des personnes non-élues, sans aucune légitimité électorale, se voient-elles confier des compétences importantes ?

Le cas le plus emblématique de ce gouvernail qui tourne fou est celui du nouveau ministre fédéral Paul Magnette, l’homme politique le plus intérimaire de Belgique. Ministre wallon durant 5 mois, à peine imprégné de ses (ex-)dossiers, il se voit chargé par son parti d’un grand ministère du Développement Durable au niveau fédéral. Espérons pour tous les enjeux liés à ce dossier, et il y en a, que le mot durable pourra s’accoler au mot mandat, également. Paul Magnette est brillant(issime),  j’ai été payé pour le savoir.  😉

Mais soyons clairs, le but d’Elio Di Rupo n’est pas de permettre à mon ancien directeur de mémoire de gérer efficacement l’un des dossiers capitaux de cette décennie. Son objectif est clair, installer « durablement » (tiens tiens) dans le paysage médiatique un homme « de qualité », capable de réussir une implantation électorale à Charleroi lors des élections régionales (générales ?) de 2009. Peu importe si cette personne n’en touche (actuellement) pas une sur les dossiers dont on l’a chargée …

Je sais que seules les bonnes intentions ne mènent nulle part si ces idées généreuses ne sont pas portées par le rapport de force politique. Mais le calcul politique a ici obscurci l’enjeu.

Les futurs électeurs carolos du nouveau ministre fédéral du Développement Durable apprécieront-ils les mesures d’urgence que leur chef de file imposé va prendre pour faire face à l’importante pollution aux particules fines que Charleroi connaît depuis 2 jours ? Il en a l’occasion. A moins que Paul Magnette ne soit devenu ministre de l’Environnement pour permettre la réouverture du haut-fourneau de Mittal en région liégeoise, aux dépends des finances de l’Etat belge (et au bénéfice de Mittal), en contradiction totale avec le bon sens économique et les engagements pris par la Belgique à Kyoto … et à Bali.

A suivre.