Pablo MoncayoCe matin, avec ma collègue députée bruxelloise Marie Nagy, j’ai reçu au Sénat la sœur du plus ancien otage des FARC : Pablo Moncayo. La jeune Colombienne Yuri Tatiana (20 ans) fait actuellement un tour des institutions présentes à Bruxelles pour sensibiliser le monde politique et médiatique au sort des personnes kidnappées en Colombie.

Depuis la libération d’Ingrid Betancourt, il est évident que ce dossier connaît un éclairage médiatique bien plus faible, pour ne pas dire inexistant. Si le combat des associations belges n’a pas faibli depuis, les otages actuellement détenus ne bénéficient plus de l’attention qu’ils devraient recevoir pour connaître une fin prochaine à leur calvaire.

Yuri Tatiana nous a ainsi expliqué Betancourtque son frère, ancien soldat,  était détenu par les FARC depuis 12 ans. Grâce au travail de négociation et de persuasion de la Sénatrice colombienne Piedad Cordoba, les FARC ont promis de libérer Pablo et ses compagnons de captures, et ce sans conditions. Mais voilà, ce n’est toujours pas effectif car les autorités colombiennes trainent les pieds pour rendre cette libération possible en ne permettant pas à la Sénatrice et au père de Pablo à se rendre dans la zone contrôlée par les FARC.

En effet, aux yeux du pouvoir (de droite) en place à Bogota, il n’est pas Piedad Cordobapossible de négocier avec les FARC … ou ne rendre possible un « arrangement à l’amiable » avec des « terroristes ». La vision de la Sénatrice Cordoba, de ses soutiens et de nombreuses familles de personnes capturées (comme celle de Pablo) est qu’une solution durable pour éviter ces enlèvements, c’est la négociation à long terme avec toutes les parties (y compris les FARC) et ainsi casser la spirale de la violence !

L’option militaire (et paramilitaire) qui est celle du gouvernement Uribe a montré ses limites : ils ne parviennent pas par la violence (légitime ou illégitime – via les groupes paramilitaires) à empêcher les enlèvements. Pablo a mon âge et a passé la plus belle partie de sa jeunesse caché dans une forêt, loin des gens qu’il aime, loin de sa propre vie.

Ce cas particulier de Pablo, comme celui d’Ingrid Betancourt avant lui, ne doit pas occulter la situation personnelle catastrophique des 3000 autres prisonniers colombiens. C’est tout le sens de la démarche de Yuri Tatiana, une jeune femme intelligente, vive et courageuse qui nous a brillamment décrit la situation ce matin.

Je serai donc très attentif à l’avenir dès que nous engagerons la Belgique sur la voie de collaborations politiques et économiques avec la Colombie. Et des accords sont en voie d’être signés … Uribe doit respecter ces familles qui vivent dans l’angoisse insondable de la perte d’un proche, ouvrir le jeu politique à la négociation et pour arriver à un accord humanitaire durable. Nous ne pouvons permettre à nos entreprises belges de profiter du marché colombien si le contexte politique est dominé par la violence, militaire ou paramilitaire induite par le manichéisme politique d’un pouvoir colombien particulièrement conservateur.

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