En 2016, j’interrogeais 3 ministres belges sur la collaboration entre le groupe Lafarge et Daesh pour faire fonctionner sa cimenterie de Jalabiya, dans le nord de la Syrie, à l’époque où cette zone était contrôlée par les terroristes. Ces flux financiers ont cessé le 19 septembre 2014, lorsque les djihadistes ont eux-mêmes pris possession de l’usine. Le groupe GBL géré par l’investisseur belge Albert Frère est actionnaire à hauteur de 9,4 % de ce qui est devenu aujourd’hui LafargeHolcim. Avant la fusion entre Lafarge et Holcim, intervenue en juillet 2015, la holding de notre compatriote possédait aux alentours de 20 % des parts du cimentier alors français.

La cimenterie Lafarge de Jalabya - (c) Le Monde

La cimenterie Lafarge de Jalabya – (c) Le Monde

Il apparaissait, dans les réponses de Didier Reynders (Affaires étrangères), Kris Peeters (Economie) et Johan Van Overtveldt (Finances) que ce type d’activité économique n’est absolument pas sous les radars des services de l’Etat. Un comble quand on sait que la Belgique investit plusieurs dizaines de millions d’€ dans la lutte contre Daesh en Irak et en Syrie … rien n’est fait sur le front intérieur ! Avant d’envoyer six avions et mettre en danger la vie de nos militaires, il s’agirait de pouvoir vérifier quel rôle nos actionnaires belges, nos investisseurs belges, nos banques belges jouent aujourd’hui dans la collaboration économique avec Daesh. Où est la cohérence ? Projeter nos militaires sur la scène internationale alors que des investisseurs belges s’enrichissent depuis Bruxelles par une collaboration indirecte avec l’ennemi …

Albert Frère

Or, hier, la police fédérale a procédé à une perquisition au siège bruxellois du groupe GBL, en sa qualité d’actionnaire de la multinationale, précisément. Ces devoirs d’enquête ont été menés à la demande d’un juge d’instruction spécialisé en matière de terrorisme pour enquêter sur des soupçons de financement d’un groupe terroriste. C’est désormais la Justice, et plus seulement un parlementaire de l’opposition, qui tente de vérifier s’il existe un lien entre l’entreprise belge GBL et le financement du terrorisme. Laissons faire la Justice pour ce qui la regarde mais entre-temps, prenons les mesures qu’il faut pour empêcher les Belges de faire ce qui est immoral et illégal. Au boulot, Messieurs Reynders, Peeters et van Overtveldt !