Galantgate (1)

Publié le 05/11/15
RĂ©digĂ© par 
Jeremie Spinazze

C’est donc pour rĂ©diger une loi que l’Etat belge va payer 400.000 € Ă  Clifford Chance !

Cette vliegwet est un monstre du Loch Ness du dossier « survol de Bruxelles ». Ca fait presque dix ans que les Ministres de MobilitĂ© successifs travaillaient sur des projets qui n’ont jamais abouti, et pour cause. C’est une vieille revendication des entreprises Brussels Airport et Belgocontrol : graver dans le marbre les routes aĂ©riennes et l’« utilisation prĂ©fĂ©rentielle des pistes » pour donner la prioritĂ© au dĂ©veloppement Ă©conomique de l’aĂ©roport, au dĂ©triment de l’environnement et la santĂ© de ses riverains. Toute modification des routes (et donc dĂ©placement des nuisances) serait dĂ©sormais soumise Ă  une procĂ©dure trĂšs lourde et devrait ĂȘtre validĂ©e par un arrĂȘtĂ© royal dĂ©libĂ©rĂ© en Conseil des Ministres, et non plus par une simple instruction ministĂ©rielle Ă  Belgocontrol. CombinĂ© Ă  la mise en Ɠuvre d’un RĂšglement europĂ©en dĂšs l’Ă©tĂ© 2016, ceci rendrait difficile la mise en Ɠuvre de la nuit environnementale (de 22h Ă  7h), ce qu’Ecolo-Groen et toutes les associations de riverains bruxelloises, flamandes et wallonnes demandent.

Il y a quatre grands chapitres dans ce projet. Les deux premiers expliquent comment seraient modifiĂ©es les futures routes aĂ©riennes et l’utilisation des pistes. Si une Ă©valuation de l’impact sur la « capacité » (soit le rendement !) et la « sĂ©curité » est rendue obligatoire, pour ce qui concerne l’impact sur la santĂ© et l’environnement, le projet renvoie Ă  une loi de 2006 (non respectĂ©e d’ailleurs Ă  l’Ă©poque du Plan Wathelet).  Or, c’est bien cet Ă©quilibre Ă©conomie / santĂ© qui fait dĂ©bat depuis quinze ans ! OĂč Ă©taient les juristes de Clifford Chance ces 15 derniĂšres annĂ©es ? Pas en Belgique on dirait.

A plusieurs reprises, le Conseil d’État a rendu des avis au sujet des avant-projets des anciens Ministres Landuyt, Schouppe et Wathelet. Il a systĂ©matiquement fait remarquer que les compĂ©tences en matiĂšre aĂ©ronautique, d’acoustique (bruit), de santĂ©, d’environnement et de sĂ©curitĂ© qu’aborde cette future rĂ©glementation Ă©taient imbriquĂ©es. DĂšs lors, toute vliegwet rĂ©clame un accord de coopĂ©ration entre l’État fĂ©dĂ©ral et les RĂ©gions, ce dont il n’est pas question ici. Les entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es n’ont pas du tout Ă©tĂ© abordĂ©es. Clifford Chance semble dĂ©couvrir que notre Etat est fĂ©dĂ©ral.

Enfin, les deux derniers chapitres abordent la mise ne Ɠuvre de d’une « instance indĂ©pendante de contrĂŽle », via un « comité » chargĂ© de la mise en oeuvre d’Ă©ventuelles restrictions d’exploitation de Brussels Airport. L’avant-projet Galant confie Ă©galement Ă  ce comitĂ© une mission de contrĂŽle de l’application par Belgocontrol des normes (routes et pistes) figĂ©es dans une annexe Ă  la loi 
 soit ce que l’administration (la DGTA qui dĂ©pend du SPF MobilitĂ©) demande d’exercer depuis toujours !

En rĂ©sumé : la Ministre Galant s’est illĂ©galement adjoint les services d’un cabinet d’avocats hors de prix et notoirement incompĂ©tent en matiĂšre aĂ©ronautique pour rĂ©diger un avant-projet anti-riverains qui vise Ă  dĂ©possĂ©der l’administration de compĂ©tences qu’elle devrait normalement exercer. C’est aussi ça, l’affaire Galant.

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